À une époque où de nombreuses espèces sont en voie de disparition ou sur le point de disparaître, un groupe de scientifiques du Japon et des Philippines a utilisé la puissance de l’analyse génomique pour identifier trois nouvelles espèces de gobies de l’Indo-Pacifique du genre Les lentilles.
Jusqu’à récemment, la seule espèce de Lentilles trouvé au Japon était L. armatus. Mais en 2005, alors que le Dr Ken Maeda effectuait des travaux de terrain pour son doctorat à l’Université des Ryukyus, il a observé un gobie mâle avec une coloration inhabituelle.
« J’ai été surpris par sa tête et le bas de son corps rouge feu. La forme était semblable à Lentipes armatus qui, jusqu’à présent, était le seul connu Lentilles espèce au Japon, mais le modèle de couleur était complètement différent », se souvient le Dr Maeda.
Les poissons peuvent présenter des motifs de couleurs très variables, mais cela ne signifie pas que chaque motif différent représente une espèce distincte. La relation entre la couleur du corps et l’espèce n’est pas claire. Parfois, deux espèces de poissons différentes peuvent avoir des motifs de couleur identiques, tandis que dans d’autres cas, les poissons de la même espèce peuvent présenter des variations significatives, chaque variante étant appelée forme de couleur.
Afin de déterminer si le poisson inhabituel collecté par le Dr Maeda était un exemple de forme de couleur ou s’il s’agissait effectivement d’une nouvelle espèce, davantage d’échantillons étaient nécessaires. Ce n’est qu’en 2010, après avoir rejoint l’unité Marine Eco-Evo-Devo de l’Institut des sciences et technologies d’Okinawa (OIST) que le Dr Maeda a pu localiser trois autres poissons mâles à Okinawa avec la même coloration rouge unique ; il en a collecté un pour une analyse génétique.
En 2012, il a découvert un autre poisson gobie mâle avec un motif de couleur encore différent : celui-ci avait deux bandes rouges sur le bas du corps. De plus, lors d’enquêtes sur les poissons d’eau douce à Palawan entre 2015 et 2018, dans le cadre d’un projet de collaboration entre l’OIST et l’Université des Philippines occidentales, le Dr Maeda a découvert d’autres gobies mâles avec des motifs de couleurs différents ; ceux-ci avaient la tête rouge vif et le bas du corps brun rougeâtre.
Les poissons mâles utilisent souvent des motifs de couleurs vives pendant la parade nuptiale pour attirer l’attention des femelles. Et comme les rituels de parade nuptiale peuvent représenter une manière par laquelle les poissons femelles déterminent l’aptitude d’un poisson mâle à s’accoupler, différents modèles de couleurs peuvent être spécifiques à une espèce. Le Dr Maeda et l’équipe de chercheurs ont remarqué que les mâles des poissons de couleurs différentes affichaient leurs couleurs les plus vives pendant la parade nuptiale et utilisaient un comportement spécial pour mettre en valeur leur luminosité. Cela a conduit les scientifiques à soupçonner qu’ils avaient affaire à de nouvelles espèces de Lentillesencore inconnu de la science.
Les scientifiques n’ont trouvé aucune différence dans l’ADN mitochondrial des différents poissons, mais l’analyse des polymorphismes mononucléotidiques à l’échelle du génome (infimes différences dans le code génétique) a clairement séparé les quatre types (original L. armatus et trois avec de nouveaux motifs de couleurs), ce qui suggère qu’ils représentent bien quatre lignées indépendantes.
Les scientifiques ont nommé les trois nouvelles espèces. Depuis que l’un d’eux a été découvert dans l’archipel philippin de Palawan, on lui a donné le nom scientifique latin Lentipes palawanirufusqui se traduit par « rouge Lentilles gobie de Palawan ». Les deux autres nouvelles espèces ont été découvertes à Okinawa, une île subtropicale du Japon, et ont été nommées Kijimuna de lentilles et Lentilles bunagaya.
« Les noms ont été inspirés par Kijimuna et Bunagaya, qui sont des esprits du bois dans la mythologie populaire d’Okinawa, généralement représentés comme ayant les cheveux ou la peau roux », a déclaré le Dr Maeda, premier auteur de la récente étude. « Comme leurs homonymes, ces deux nouvelles espèces ont des marques rouges sur le corps. »
« Nous pensons que ces poissons ont dû diverger récemment, donc les gènes mitochondriaux n’ont pas eu suffisamment de temps pour muter », a déclaré M. Hirozumi Kobayashi, un doctorant de l’Université des Ryukyus qui a analysé l’ADN nucléaire avec son superviseur, le professeur Kazunori Yamahira.
Les auteurs affirment que des études plus détaillées sur les nouvelles espèces sont nécessaires afin de comprendre leurs origines et leur répartition géographique. En outre, il est important de déterminer si le choix des mâles par les femelles a influencé l’évolution de la nouvelle espèce et s’il contribue à maintenir les lignées distinctes et à empêcher la consanguinité.
«Cet article aide à révéler le mystère de ces Lentilles des gobies », a déclaré le Dr Maeda. « Mais il reste encore tant de choses à découvrir. »
Les résultats de l’analyse génétique du poisson aux motifs inhabituels sont publiés dans la revue Systématique et Biodiversité.
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Par Alison Bosman, Espèces-menacées.fr Rédacteur
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