
Champignons du genre Amanita tels que A. muscaria et A. panthérine ont longtemps été consommés par les humains pour leurs effets psychédéliques intéressants. Les symptômes hallucinogènes du poison de ces champignons peuvent déformer la taille des objets, comme décrit dans l’ouvrage de Lewis Carol. Alice au pays des merveilles ainsi que provoquer d’autres hallucinations, délires, convulsions et rarement la mort. Il existe également des antécédents de personnes qui les consomment comme nourriture, mais après un processus minutieux de détoxification.
Une hypothèse courante est que les poisons contenus dans les champignons ont évolué pour dissuader leur consommation par les animaux. Une observation d’écureuils japonais (Sciurus lis) remet en question cette idée, selon une nouvelle étude de l’Université de Kobe.
Le professeur SUESUGU Kenji et le photographe indépendant GOMI Koichi ont observé un écureuil se nourrir de Amanite champignons à plusieurs reprises pendant quelques jours dans la préfecture de Nagano, au Japon. L’équipe a conclu que l’écureuil avait presque certainement développé une façon de manger les champignons en toute sécurité.
De ces observations a émergé une nouvelle théorie : il n’est pas toujours préjudiciable pour un champignon d’être mangé. Tout comme manger les fruits des plantes, un animal peut parfois bénéficier d’un champignon.
Si les spores du champignon peuvent survivre dans le tube digestif, il est possible qu’un écureuil disperse les spores du champignon. À cet égard, peut-être que le « poison » pourrait avoir un effet dissuasif sur certains animaux, par exemple ceux dont le tube digestif détruirait les spores. D’autres animaux ayant pu co-évoluer avec le champignon seraient récompensés pour leur dispersion par un délicieux dîner.
Le professeur Suetsugo souhaite désormais pousser plus loin ses recherches et déterminer si les écureuils dispersent réellement les Amanite spores ou non. Pour ce faire, les scientifiques vérifieront les excréments d’écureuils à la recherche de spores vivantes.
Comprendre la relation entre ces champignons et les écureuils pourrait permettre d’obtenir davantage d’informations sur l’écologie forestière en général. Les champignons Amanita entretiennent d’importantes relations mutualistes avec différents arbres, contribuant ainsi au maintien des écosystèmes forestiers.
« Peut-être que les champignons Amanita facilitent les mutualismes avec des écureuils résistants aux toxines, qui peuvent disperser des spores viables, tout en dissuadant les ennemis sensibles aux toxines, ce qui pourrait avoir un impact négatif sur la survie des spores. Si tel est le cas, la dispersion potentielle des spores fongiques par les écureuils est analogue à un mutualisme de dispersion des graines, dans lequel une plante offre une récompense à un animal en tant que disperseur de graines », ont écrit les auteurs de l’étude.
« Comment les écureuils mangent-ils en toute sécurité les champignons Amanita ? Quel rôle jouent les écureuils dans la dispersion des spores d’Amanita ? Comment la dispersion des spores assistée par les écureuils contribuerait-elle à l’établissement de relations ectomycorhiziennes au sein de ces écosystèmes ? Ces questions méritent une enquête plus approfondie.
La recherche est publiée dans la revue Frontières de l’écologie et de l’environnement.
Crédit image : Koichi Gomi
—Par Zach Fitzner, Espèces-menacées.fr Rédacteur
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