1. Lecture du projet de loi sur la biodiversité par le Sénat : verdict mitigé
Après une semaine de lecture, la loi sur la biodiversité a été symboliquement adoptée par le Sénat le 26 janvier 2016 par 263 voix pour et 32 contre. Un bilan en demi-teinte.
Grandes déceptions à relever pour les défenseurs de la nature :
- l’absence de moratoire sur l’utilisation des néonicotinoïdes, ces pesticides provoquant notamment de sévères dégâts sur les abeilles. Une règlementation stricte devrait cependant voir le jour pour en encadrer l’utilisation.
- Les interdictions de la chasse à la glu ou de la chasse en période de reproduction, qui avaient pourtant été approuvées par les députés, ont finalement été supprimées.
- Le chalutage en eaux profondes sera, lui aussi, toujours toléré, une pratique pourtant dévastatrice pour la faune marine.
Cependant, de l’avis général, le texte marque de réelles avancées sur d’autres sujets : l’huile de palme voit ses avantages fiscaux supprimés par rapport aux autres huiles végétales (la fameuse « taxe nutella »), les espèces menacées inscrites sur la liste rouge de l’UICN devraient toutes bénéficier d’un plan d’action dans les prochains mois, les industriels ou chercheurs ne peuvent plus déposer de brevets sur des molécules issues du vivant,…
A défaut de réjouir les défenseurs de la biodiversité, ces derniers trouveront tout de même de vrais motifs de satisfaction avec notamment la création de l’Agence pour la Biodiversité.
Un dossier à suivre puisque le projet de loi doit à nouveau être étudié par l’Assemblée Nationale et sera sans doute modifié. La version finale devrait aboutir peu avant l’été.
2. Le quagga est de retour
Le quagga est une sous-espèce de zèbre d’Afrique du Sud, au pelage beige et dont les rayures s’estompent avant l’arrière-train. Exterminée notamment pour la consommation de cuir et de viande, l’espèce a officiellement disparu le 12 aout 1883, date à laquelle le dernier spécimen s’est éteint au zoo d’Amsterdam.
Un siècle plus tard, en 1887, la communauté scientifique a formulé le souhait de voir un jour naître un nouveau quagga. Un rêve vieux de 30 ans sur lequel le Quagga Project, équipe de chercheurs de l’Université de Cap Town, a travaillé sans relâche. En identifiant 19 zèbres ayant le maximum de caractéristiques similaires à leurs cousins et en pratiquant une forme d’élevage sélectif, les scientifiques ont constaté qu’entre la première génération et la cinquième (dernière née), les rayures s’estompaient plus tôt et le pelage beige se renforçait. On retrouve donc un animal au physique extrêmement proche du quagga.
Ce projet, cependant, est beaucoup critiqué. Ces nouveaux quaggas n’en sont pas des vrais d’un point de vue génétique ; il ne s’agit que de zèbres au pelage différent. Leur adaptation à l’écosystème sud-africain ne se fera donc pas sans mal et leur comportement sera différent de celui des quaggas originaux.
3. Le braconnage en Afrique du Sud pour la 1ère fois en baisse depuis 10 ans
Le bilan est tombé en ce début d’année 2016 : 1175 rhinocéros ont été abattus en Afrique du Sud durant l’année 2015, soit 30 de moins qu’en 2016. Si la ministre de l’environnement sud-africaine s’en félicite, parlant de la première baisse depuis dix ans, la situation reste particulièrement alarmante ; le braconnage a littéralement explosé en 10 ans, passant d’une trentaine de cas recensés par an à plus d’un millier. Pire, la baisse enregistrée en Afrique du Sud a été plus que compensée par une hausse dans d’autres pays, comme la Namibie ou le Zimbabwe. Au total, selon le rapport de TRAFFIC, organe de surveillance de la vie sauvage, 1312 spécimens ont été abattus en 2015.
Les rhinocéros sont abattus pour leurs cornes, dont la poudre est notamment utilisée en médecine traditionnelle dans les pays d’Asie du sud-est. Au Vietnam, par exemple, les prix vont de 40 à 60000$ le kilo. D’un point de vue scientifique, les cornes de rhinocéros sont essentiellement composées de kératine, la même matière que les ongles humains, et n’ont donc aucun effet sur la santé.
4. Le léopard serein pour 2016
L’Afrique du Sud a annoncé le 25 janvier qu’elle ne délivrerait aucun permis de chasse au léopard en 2016, décision évidemment saluée par l’intégralité des organisations de défense des animaux. Le ministère de l’environnement suit à la lettre les recommandations de l’autorité scientifique sud-africaine chargée de la régulation des espèces menacées ou protégées.
Le léopard est un animal discret, solitaire, évoluant principalement de nuit et pouvant parcourir de longues distances ; autant de paramètres qui en compliquent le recensement. En l’absence de données précises et bien que la CITES autorise l’Afrique du Sud à allouer 150 permis de chasse au léopard par an, les distribuer pourrait mettre en péril la survie de l’espèce.
La chasse aux Big Five (éléphant, rhinocéros, lion, buffle, et évidemment léopard) est une véritable manne financière pour l’Afrique du Sud : selon le ministère de l’environnement, elle rapporte chaque année près de 350 millions d’euros. Des touristes fortunés déboursent en effet des dizaines de milliers de dollars pour avoir le loisir de tuer un représentant de l’une de ces cinq espèces.
5. Une nouvelle espèce d’arachnide découverte aux Etats-Unis
Une monstrueuse arachnide a été identifiée dans les forêts d’Oregon, aux Etats-Unis : « Cryptomaster Behemot » est une espèce découverte en janvier 2016 par des chercheurs californiens.
Derrière un nom effrayant (la traduction littérale se rapprochant de « monstre maître du camouflage », de quoi faire trembler les plus arachnophobes) se cache en fait une espèce dont le corps mesure tout juste 4 millimètres de large. Rien d’effrayant donc, et pour une simple raison : il ne s’agit pas d’araignées mais d’opiliones (ou faucheurs), ces petites espèces aux très longues pattes et au corps habituellement minuscule. Pour une opilione, une taille de 4mm est tout simplement exceptionnelle, ce qui justifie très facilement son statut de monstruosité.
En Oregon, une autre arachnide très ressemblante à celle-ci, la Cryptomaster Leviathan, avait déjà été identifiée en 1969. La seule différence entre les deux espèces serait, semble-t-il, que la Leviathan aurait deux crochets à l’usage inconnu sur le pénis, éléments inexistants sur la Behemot.
Tous les ans, les scientifiques découvrent plus de 15 000 espèces, dont la plupart se trouvent dans les forêts tropicales.
1 réponse to “Biodiversité : les 5 infos à retenir de janvier 2016”
22.03.2016
Bonaparte KAYA MO KUTUAu sujet de quagga, je pense que les scientifique ont bien fait de faire revivre cette espèce éteinte, malgré la divergence de comportement entre l’espèce primitive et la nouvelle. Ceux qui ont entendu parler de cette espèce seront heureux de la voir et elle favorisera le tourisme. L’homme est le virus de l’environnement, il est aussi une solution, mais le coût est important.