Présentation
Le gavial est un reptile de l’ordre des crocodiliens qui se différencie de ses cousins crocodiles ou caïmans par sa longue gueule, très étroite et tout en longueur. Gavialis gangeticus ou gavial du Gange, en danger critique d’extinction selon l’UICN, peut atteindre 6 mètres de long et rivaliser de taille avec les crocodiles du Nil.
Appelé Gharial en Asie, ce nom lui vient de l’appendice en forme de bulbe qui pousse au bout du museau des mâles et qui ressemble à un pot nommé « ghara ». Cette protubérance servirait, lors de la parade nuptiale du gavial, à produire un son et des bulles d’air dans l’eau.
Le corps du gavial est constitué de plaques osseuses sur le dos et de pattes très courtes qui le pénalisent à terre. Le gavial du Gange est donc plus à l’aise dans l’eau, où il passe justement la plupart de son temps. Il gagne la berge uniquement pour se reproduire ou profiter de la chaleur du soleil.
Autre différence avec ses cousins, Gavialis gangeticus est exclusivement piscivore, c’est-à-dire qu’il se nourrit uniquement de poissons, amphibiens ou crustacés.
Localisation
Contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, le gavial du Gange n’est plus présent dans le fleuve sacré de l’Inde du Nord. L’espèce était auparavant visible dans tous les pays frontaliers : le Bangladesh, le Pakistan et la Birmanie mais, aujourd’hui, elle ne survit plus qu’au Népal et dans l’Inde septentrionale (du Nord).
Le crocodilien aime les fleuves d’eau douce, profonds, aux courants rapides. On le trouve principalement dans les rivières Chambal, Girwa, Ken, Son, Ramganga, Mahandi en Inde, et au Népal dans la rivière Rapti-Narayani.
En 2006, Chambal abritait à elle seule presque 43 % de la population totale soit 78 individus (dont 68 femelles).
Menaces
Gavialis gangeticus est classé en danger critique d’extinction depuis 2007, dans la liste rouge de l’IUCN. Les dernières études sur l’espèce qui ont conduit à ce classement datent de 2006, mais on estime qu’il resterait aujourd’hui environ 200 individus.
La perte de son habitat naturel
Comme précisé plus haut, le gavial du Gange vit principalement dans le nord de l’Inde, deuxième pays le plus peuplé au monde et en fort développement. Les activités humaines, notamment agricoles, ont grandement diminué l’habitat du gavial. Les rivières ont été détournées afin d’irriguer les plantations ou desséchées pour permettre l’urbanisation. N’étant pas capable de se déplacer pour trouver une autre rivière, le gavial du Gange est invariablement condamné.
La pêche
Exclusivement piscivore, Gavialis gangeticus a souvent été chassé par les locaux car on lui reprochait de faire trop de concurrence aux pêcheurs. A cela s’est ajoutée l’augmentation de la quantité de poissons pêchés par l’homme. En conséquence, le gavial aurait de plus en plus de mal à s’alimenter. En outre, les pêcheurs utilisent des filets maillant qui piègent bon nombre de gavials.
Le marché noir
Bien qu’inscrit dans les annexes I de la CITES (ce qui le protège de toute commercialisation), le gavial du Gange est traqué pour alimenter le marché noir. Différentes parties de son corps sont ainsi commercialisées :
- sa peau : comme son cousin le crocodile, la peau du gavial est très recherchée en maroquinerie pour son grain et son dessin ;
- sa bosse, la « ghara », aurait des propriétés aphrodisiaques ;
- sa graisse et son pénis sont utilisés pour confectionner des médicaments traditionnels au Népal et parfois en Inde ;
- ses œufs constituent un plat traditionnel consommé par les populations tribales, à tel point que dans la zone protégée de la rivière Girwa, les nids ont été pillés quatre ans de suite pendant les saisons de nidification par l’être humain.
Efforts de conservation
Depuis 2007, une organisation internationale est dédiée à la sauvegarde du gavial du Gange : la Conservation Alliance Gavial (GCA). Son but est de maintenir une population sauvage de manière durable.
Pour cela, elle effectue beaucoup de recherches sur le comportement et le mode de vie de l’animal et, surtout, élève des individus en captivité afin de procéder à leur libération et au repeuplement des rivières. Bien entendu, une autre de ses missions est le dialogue avec les autorités et l’éducation des populations pour que les menaces qui pèsent sur l’espèce diminuent.
Sept zones protégées ont été mises en place pour la protection du reptile et surtout la sauvegarde de son écosystème. L’organisation relâche ses gavials dans ces zones avec plus ou moins de réussite. Voici quelques exemples : au Népal, dans le parc national Chitawan, 300 individus ont été libérés. Pourtant, si en 1977 il y avait 16 nids, on n’en recensait plus que 6 en 2006. La réintroduction a donc été un échec. Dans la rivière Girwa en revanche, 909 gavials ont été relâchés et le nombre de nids est passé de 4 en 1977 à 20 en 2006, une réussite pourtant insuffisante compte tenu des efforts financiers et humains déployés pendant ces 30 années.
Les deux principales causes de ce manque de résultats sont :
- les difficultés de reproduction,
- l’hostilité constante des populations locales à la réintroduction de l’animal.
C’est pourquoi, malgré tous ces efforts, la population de gavial du Gange a diminué de 96 % depuis les années 1940. Plutôt que son élevage en captivité, l’espèce nécessite la protection de son habitat naturel et un changement d’image pour survivre.
Reproduction
La reproduction et plus spécifiquement la conservation des œufs du gavial est un vrai défi.
La saison de reproduction débute à la saison sèche, de mars à mai. La fécondation dure très peu de temps et a lieu dans l’eau. La femelle pond deux mois plus tard entre 40 et 60 œufs dans le sable d’une berge qu’elle aura rejoint exceptionnellement.
Les œufs incubent naturellement dans le trou formé par la mère tandis qu’elle retourne dans l’eau. Il faudra attendre environ 90 jours pour qu’ils éclosent. Une période périlleuse pendant laquelle les œufs sont la proie de différents prédateurs comme les mangoustes, les rats, les lézards…sans oublier les hommes !
De plus, cette région du monde est connue pour ses moussons, de fortes pluies qui créent des crues emportant les œufs dans le courant et les déplacent hors de zones protégées et loin de leur mère.
Après ce délai de 90 jours, les petits cassent eux-mêmes leur coquille et rejoignent leur mère dans l’eau sans aide. Ils mesurent alors autour de 35 centimètres. La femelle gavial n’est pas réputée pour être une bonne mère. Toutefois, après la naissance, ses petits restent auprès d’elle pendant une durée qui peut aller de quelques semaines à plusieurs mois.
Les gavials n’atteignent leur maturité sexuelle qu’au bout de 10 ans. On estime leur durée de vie à une trentaine d’années, sans doute plus, les experts n’ayant comme exemple que les gavials en captivité (celui au zoo de Londres par exemple).
En savoir plus
Dans la religion hindouiste, le gavial du Gange est un animal sacré. Il serait la monture de la déesse Ganga, divinité du Gange. On lui associait une tradition « si un pèlerin aperçoit un gavial du Gange près de lui il faut qu’il jette de la viande près du gavial » pour honorer la déesse. C’est pourquoi, il était auparavant nourri dans certains temples.
5 Réponses to “Gavial du Gange”
02.05.2024
Nathanaëlptdr
09.04.2019
HugoBah faut regarder ce qu’il y a écrit lol
21.11.2023
furkanlolll
04.01.2018
MaeliaBonjour,
Je viens vers vous pour vous demander des renseignements sur sa réintroduction dans son milieu ainsi que son écosystème. Je n’ai pas très bien compris…
En effet, en relisant votre article, j’ai compris qu’une association s’occupait de cet animal depuis 2007, or elle a crée des zones protégées depuis 1977 ?
Espérant une réponse au plus vite
19.10.2020
Maverickil te font une comparaison avec le temps et maintenant