Souvent confondu avec le tatou avec lequel il partage la capacité à se mettre en boule pour se protéger, le pangolin est encore peu connu du grand public. Ce 16 février 2019, en cette 8ème journée internationale du pangolin, le but est de rappeler à tous qu’il s’agit pourtant du mammifère le plus braconné du monde.
Huit espèces pour une menace : l’Homme
Chez les pangolins, la menace ne vient pas de leur rareté mais de leur déclin vertigineux. Il existe huit espèces de ces petits mammifères insectivores, réparties entre deux continents.
En Afrique :
- Le pangolin terrestre du Cap (Manis temminckii) : vulnérable (VU)
- Le pangolin géant (Manis gigantea) : vulnérable (VU)
- Le pangolin à petites écailles (Manis tricuspis) : vulnérable (VU)
- Le pangolin à longue queue (Manis tetradactyla) : vulnérable (VU)
En Asie :
- Le pangolin de Malaisie (Manis javanica) : en danger critique d’extinction (CR)
- Le pangolin de Chine (Manis pentadactyla) : en danger critique d’extinction (CR)
- Le pangolin indien (Manis crassicaudata) : en danger (EN)
- Le pangolin des Philippines (Manis culionensis) : en danger (EN)
Toutes sont menacées, mais celles dont la situation est la plus urgente se trouvent en Asie. Une vérité qui pourrait très vite venir à changer, la chasse aux pangolins d’Afrique centrale ayant augmenté de 150 % entre 1970 et 2014 selon une récente étude.
[Vidéo produite à l’occasion de la Journée Mondiale du pangolin par Coral & Oak Studios en partenariat avec Save Pangolins]
Une carapace d’écailles de kératine
De la plus petite espèce (le pangolin à petites écailles qui ne dépasse que rarement les 3 kg) à la plus impressionnante (le pangolin géant qui, lui, ne descend jamais sous les 20 kg), ces huit espèces ont la particularité d’avoir la peau recouverte d’écailles qui se chevauchent, à la manière des reptiles. Cette carapace, qui a valu le surnom de fourmilier écailleux au pangolin, représente environ 20 % du poids total de l’animal.
Or, ces écailles solides sont composées de kératine, la même matière que la corne des rhinocéros, autre objet emblématique du braconnage. Comme les cornes, les écailles sont réduites en poudre et utilisées dans la médecine traditionnelle asiatique. C’est pourquoi la Chine et le Vietnam sont les deux pays pour laquelle la demande de pangolins est la plus élevée.
Mais quand les contrebandiers ne les chassent pas pour leurs carapaces, c’est pour leur chair que les pangolins sont braconnés. Considéré comme un mets de luxe sur les deux continents, 50 % des petits mammifères braconnés en Afrique sont mangés sur place et non exportés.
Un million de pangolins braconnés en seulement 10 ans
Ainsi, malgré la sensibilisation des associations et la législation durcie des gouvernements, en 2019 le pangolin est toujours le mammifère le plus braconné au monde. Deux des plus grandes saisies de l’Histoire ont eu lieu très récemment : le 16 janvier, neuf tonnes d’écailles de pangolins (soit l’équivalent de 14 000 animaux) ont été interceptées par la douane d’Hong Kong en même temps qu’une centaine de défenses d’éléphants.
Le 12 février dernier, c’est cette fois-ci en Malaisie que les autorités ont perquisitionné un entrepôt et découvert pas moins de 1 800 boîtes de pangolins congelés, 572 autres individus congelés entiers, 61 animaux encore vivants détenus en cage et 361 kilos d’écailles de pangolins.
« Aucune espèce menacée ne peut résister à une exploitation de cette ampleur », a déclaré Kanitha Krishnasamy, directrice de la filiale asiatique de TRAFFIC, l’organisation spécialisée dans les études sur le commerce mondial des espèces menacées.
L’UICN estimait en 2016 que près d’un million de pangolins avait été l’objet de braconnage depuis 2006.
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Nos remerciements à l’association Save Pangolins pour leur aimable autorisation de diffusion de la vidéo.
par Cécile Arnoud
2 Réponses to “En 2019, le pangolin est toujours le mammifère le plus braconné au monde”
06.03.2019
RICARDbonjour , les pauvres pangolins finissent en tant que décorations d’objets chinois !!! A cause de leurs magnifiques écailles ! ! !
merci d’ouvrir les yeux !!!
25.02.2019
Claude KeboyTrès bel article car il donne avec détail des éléments utiles pour ceux qui ne connaissent pas encore les pangolins et son niveau de protection.
Seulement, moi en tant qu’acteur de conservation qui travaille spécifiquement sur la protection de pangolins en RDCongo, je constate que l’alerte sur l’extinction de ces espèces n’est pas très bien pris en compte par la communauté internationale. en lisant le titre de votre article , je constate que le pangolin est le mammifère le plus braconnée au monde en 2019. mais c’est l’espèce qui ne bénéficie pas du tout de financement pour sa protection à l’instar des éléphants, tigres, gorille et autres.
Un article pour plaider sa cause serait aussi mieux