Il n’y a rien de plus fragile ou presque qu’une petite tortue aquatique. Sur plusieurs centaines d’œufs qui éclosent, seuls un ou deux individus arrivent généralement à l’âge adulte, et ils sont encore moins nombreux à atteindre l’âge suffisant pour se reproduire. Pour une espèce menacée comme Batagur bornoensis, aussi appelée émyde peinte de Bornéo, protéger les petits jusqu’à leur remise à l’eau constitue donc une mission de taille, que s’emploie à remplir la fondation Satucita.
16 nids de Batagur bornoensis trouvés
Entre fin décembre et début janvier, des bénévoles de la fondation ont ainsi découvert à Sumatra, en Indonésie, 16 nids de cette tortue originaire d’Asie du Sud-Est (Thaïlande, Malaisie péninsulaire, Bornéo et Sumatra). Au total, cela représente 250 œufs qui ont tous été prélevés pour être mis à l’abri dans un enclos protégé où ils resteront le temps nécessaire avant l’éclosion, prévue d’ici le mois de mars.
La nouvelle écloserie est entièrement clôturée afin d’empêcher la venue de sangliers, l’une des deux plus grandes menaces qui pèsent sur les œufs d’émydes peintes de Bornéo. L’autre danger encouru est le braconnage : de nombreux villageois et pêcheurs les récoltent en effet tout au long de la saison de nidification pour ensuite les élever et consommer leur chair ou s’en faire un animal de compagnie. Des « patrouilles de nidification » ont également été déployées afin de surveiller les nids et les protéger de tout danger. A terme, les petites tortues seront relâchées dans leur rivière natale.
Un milieu de plus en plus hostile pour la ponte
Malgré les efforts fournis par les bénévoles de l’association, les nouvelles ne sont pas bonnes pour l’espèce, classée en « danger critique d’extinction » par l’UICN. Chaque année, les nombres de nids et d’œufs diminuent, laissant présager le pire pour l’avenir de l’émyde. Il faut dire que les sites de nidification sur lesquels Batagur bornoensis aime pondre subissent de graves bouleversements, à commencer par l’érosion côtière. En plus de disparaître, la plage subit une autre grave transformation : la pollution. De plus en plus de déchets sont chaque jour rejetés par la mer : des morceaux de bois, des brindilles ou pire, formant de véritables obstacles pour la femelle à la recherche d’un endroit où pondre. Cette dernière, plus à l’aise dans l’eau que sur terre, a en effet de grandes difficultés à se mouvoir sur le sable, et encore plus lorsque le parcours est semé d’embûches. « Certaines femelles ont ainsi été aperçues retournant à la mer pour chercher une autre plage, faute d’avoir trouvé l’endroit parfait pour creuser le nid et pondre », souligne Satucita. Autrefois cantonnées à une seule plage de nidification, les tortues femelles ont étendu leurs sites de nidification à trois plages, triplant par la même occasion les efforts à fournir pour surveiller et protéger les nids. Pour l’aider dans cette mission, Satucita est soutenue sur le terrain par la Taronga Conservation Society, la fondation du zoo de Sydney en Australie.
Avant la fin de la nidification en février, l’association prévoit de trouver encore de nombreux œufs de Batagur bornoensis. Elle les placera, eux aussi, en sécurité pour accroître les chances de survie de cette espèce en danger.
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