Les chercheurs ont découvert des preuves surprenantes selon lesquelles les visites fréquentes dans les plantations de palmiers à huile augmentent considérablement les taux de mortalité chez les bébés primates, en particulier chez les macaques à queue de cochon du sud.
Cette découverte met en évidence une tendance inquiétante selon laquelle les pratiques agricoles ont un impact direct sur la faune, y compris les jeunes primates vulnérables.
Environnement périlleux
Les macaques à queue de cochon du sud, originaires de la péninsule malaisienne, sont de plus en plus attirés par les plantations de palmiers à huile.
Si ces zones offrent un accès facile à la nourriture, elles exposent également ces primates à une multitude de dangers, notamment les prédateurs, les rencontres humaines et les produits chimiques agricoles nocifs. Cet environnement périlleux s’avère préjudiciable à la survie des bébés macaques.
Des chercheurs de l’Universiti Sains Malaysia, du Centre allemand de recherche intégrative sur la biodiversité, de l’Université de Leipzig et de l’Institut Max Planck d’anthropologie évolutive ont mené une étude approfondie sur près d’une décennie.
Des statistiques alarmantes
Les experts ont découvert qu’un taux choquant de 57 pour cent des nourrissons macaques mouraient avant leur premier anniversaire – un taux de mortalité bien supérieur à celui des autres populations de primates sauvages.
L’équipe a observé deux groupes de macaques dans un paysage parsemé de forêts tropicales et de plantations de palmiers à huile. Ils ont constaté qu’une exposition prolongée aux environnements des plantations triplait la probabilité de mortalité chez les bébés primates.
Facteurs contributifs
Selon les chercheurs, ce taux de mortalité surprenant pourrait s’expliquer par l’augmentation des rencontres avec des prédateurs et des humains, ainsi que par l’exposition potentielle à des produits chimiques nocifs tels que les pesticides.
« Certains de ces risques sont relativement clairs : les bébés macaques sont plus susceptibles de devenir la proie de chiens sauvages qui errent en meute dans les plantations ou d’être capturés par des humains et vendus illégalement comme animaux de compagnie », a expliqué le Dr Nadine Ruppert de l’USM, qui a établi et dirige le chantier.
« Mais les effets potentiels à long terme des pesticides utilisés pour gérer les monocultures sur la faune mammifère sont beaucoup moins évidents et très mal compris. »
Accumulation de produits chimiques agricoles
L’étude a en outre révélé une tendance inattendue d’augmentation de la mortalité infantile liée aux premières naissances ou aux longs intervalles entre les naissances consécutives. Cela contredit les conclusions précédentes selon lesquelles des intervalles plus courts entre les naissances entraînent une mortalité plus élevée.
On pense que l’accumulation de produits chimiques agricoles dans le corps de la mère, qui peuvent être transmis par le lait maternel, joue un rôle important.
« La littérature suggère que certaines substances nocives utilisées en agriculture peuvent traverser la barrière placentaire et être transmises à la progéniture à naître. Nous savons également que certaines molécules liposolubles peuvent être transmises par le lait maternel », a déclaré le Dr Anna Holzner, auteure principale de l’étude.
« En conséquence, plus les produits chimiques s’accumulent longtemps dans le corps de la mère, plus ils pourraient influencer le développement du fœtus pendant la grossesse et également pendant l’allaitement. »
Implications de l’étude
L’étude souligne le besoin urgent de s’attaquer aux menaces que les paysages agricoles font peser sur la faune. La survie des bébés primates, cruciale pour le maintien de populations viables, est menacée par nos pratiques agricoles.
« Nous savons que l’utilisation de pesticides en agriculture a entraîné un déclin drastique des populations d’insectes. L’analyse chimique est donc essentielle pour comprendre les effets des pesticides sur la faune mammifère », a déclaré l’auteur principal de l’étude, le Dr Anja Widdig.
« Nos résultats soulignent la nécessité cruciale de mettre en œuvre des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement qui minimisent les risques pour les populations d’animaux sauvages ainsi que pour les personnes vivant à proximité des plantations. »
La recherche est publiée dans la revue Biologie actuelle.
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