La colombe aux yeux bleus n’a pas dit son dernier mot ! Tous la croyaient disparue et pour cause, la dernière observation d’un individu de cette espèce remontait à 1941 ! Pourtant, un ornithologue brésilien a permis à l’oiseau de renaître de ses cendres aux yeux de milliers de spécialistes.
Columbina cyanopis : une espèce retrouvée par hasard
La colombe aux yeux bleus fait partie de ces espèces, comme le dauphin de Chine, classées en danger critique d’extinction par l’UICN dont tout le monde pense à tort ou à raison qu’elles ont disparu tant la dernière trace d’existence remonte dans le temps. Mais voilà, Columbina cyanopis n’est pas encore éteint. Cette découverte, nous la devons à Rafael Bessa, un ornithologue brésilien qui a transformé une mésaventure en opportunité unique.
Tout commence il y a presque un an, en juin 2015. Le scientifique est alors en pleine expédition dans une partie du Brésil moins célèbre que la forêt amazonienne : le cerrado. Ce biotope regroupe les espaces de savanes les plus importants d’Amérique du Sud et héberge entre autres des jaguars, des loups à crinière et des fourmiliers géants. A la recherche d’un raccourci, et sans doute légèrement perdu, Rafael Bessa entend soudain le chant d’un oiseau qui lui est totalement inconnu. Il décide de l’enregistrer. Le lendemain, le spécialiste brésilien se rend à nouveau sur place et diffuse le chant enregistré la veille. Une colombe aux yeux bleus se pose alors près de lui, ce qui lui permet d’en faire de nombreux clichés. Une chance car il n’a pas encore réalisé qu’il vient de retrouver les premiers spécimens d’une espèce que tout le monde croyait éteinte. C’est seulement une fois rentré de l’expédition que Bessa contacte l’Observatoire d’oiseaux de Butantan, à Sao Paulo, et se rend compte que l’oiseau photographié ressemble aux exemples de Columbina cyanopis naturalisés.
Des recherches menées dans le plus grand secret
Dans le plus grand secret et avec le soutien de l’Observatoire et des organisations SAVE Brasil (branche brésilienne de Birdlife) et Rainforest Trust, un groupe de recherche composé de plusieurs ornithologues part à la recherche de la fameuse population d’oiseaux dans l’espoir de l’étudier. Bien qu’ils aient parcouru plusieurs états, les scientifiques n’ont pu apercevoir les oiseaux recherchés que sur deux sites, qui resteront secrets pour le moment, de l’état de Minas Gerais. Au total, 12 représentants de Columbina cyanopis ont pu être aperçus. Un chiffre faible qui suffit toutefois à faire renaître l’espoir de sauver l’espèce.
La découverte n’a été rendue publique qu’il y a quelques jours lors du festival brésilien « Birdwatching ». La conférence avait été nommée « L’espèce X » afin de garder le mystère entier. Les témoins rapportent que l’émotion était à son comble quand Rafael Bessa a diffusé l’enregistrement sonore du chant de l’oiseau. Un chant jusque-là jamais identifié.
La colombe aux yeux bleus : une espèce en danger critique d’extinction à sauver
Mais le groupe de chercheurs n’en perd pas pour autant son but. Retrouver des oiseaux que tout le monde pensait éteint n’est pas une fin en soi, il faut maintenant les sauver. Ainsi, les lieux précis des découvertes resteront confidentiels jusqu’à ce que les spécialistes se soient assurés de sa protection. Le Cerrado a longtemps été détruit au profit d’une agriculture intensive, notamment des plantations d’eucalyptus, dévastatrice pour nombre d’espèces endémiques comme la colombe aux yeux bleus. En 2009, la conférence de Copenhague a mis en lumière la richesse de ce biotope et son destin forcément corrélé à celui de l’Amazonie. Un plan de sauvegarde de l’espèce est en cours de création. Une large partie de celui-ci portera sur la conservation de l’environnement de l’oiseau. Il faudra attendre sa mise en place pour que la colombe aux yeux bleus nous révèle enfin sa beauté gardée secrète durant 75 ans.
1 réponse to “Des colombes aux yeux bleus (re)découvertes au Brésil”
09.12.2016
HORNY DidierJe suis éleveur amateur de colombes depuis une trentaine d’années et cela me fait vraiment plaisir de voir une espèce qui était considérée comme disparue depuis tellement longtemps. A mon avis, il ne faut surtout pas faire connaitre les lieux où se trouvent ces oiseaux car l’homme fait souvent plus de dégats avec le souhait de capturer ces oiseaux pour satisfaire son égo. Si cette espèce a pu survivre jusque la autant les laisser tranquille pour les savoir en bonne condition. Surement bien mieux que dans des cages ou volières trop souvent mal conçus. Cordialement