Chaque année, des milliards d’insectes en Europe occidentale entreprennent des migrations saisonnières ; ils se déplacent généralement vers le sud, vers la Méditerranée et l’Afrique du Nord, à la fin de l’été septentrional, et reviennent vers le nord au printemps ou au début de l’été. Le même chemin est suivi par de nombreuses espèces de papillons nocturnes, de papillons et de syrphes ; Un grand nombre de ces insectes traversent les Alpes pour voler le plus directement possible vers leurs destinations d’hivernage.
Bien que ces énormes migrations soient comprises au niveau de la population, on sait très peu de choses sur la manière dont les insectes individuels parviennent à se frayer un chemin à travers les obstacles considérables, ni sur les méthodes qu’ils utilisent pour localiser leur destination. Cette lacune dans la compréhension est principalement due à la difficulté de suivre ces petits animaux pendant qu’ils volent, étonnamment rapidement et souvent la nuit.
Une nouvelle étude sur les sphinx à tête de mort en migration (Achérontie atropos) a désormais utilisé de minuscules dispositifs de suivi et un avion léger pour suivre sept papillons individuels lors de leur migration nocturne à travers les Alpes. L’étude, publiée par l’Association américaine pour l’avancement de la science (AAAS), révèle que ces papillons utilisent des stratégies migratoires complexes pour rester sur la bonne voie.
Le sphinx à tête de mort, connu pour les sinistres marques en forme de crâne sur son thorax, est le plus gros lépidoptère d’Europe, pesant jusqu’à 3,5 g. C’est un migrateur afro-paléarctique de longue distance qui arrive chaque année au printemps pour se reproduire en Europe, au nord des Alpes. La génération suivante retourne vers le sud l’automne suivant, dans les régions de reproduction hivernale du bassin méditerranéen et de l’Afrique subsaharienne, couvrant une distance allant jusqu’à 4 000 km.
Les chercheurs ont installé de minuscules émetteurs radio à très haute fréquence sur le dos de 14 papillons et ont enregistré leurs positions GPS précises à partir d’un avion léger à intervalles réguliers (toutes les 5 à 15 minutes, lorsque cela était possible) tout au long de leur migration. Ils ont obtenu des traces détaillées de sept papillons. Les papillons ont tous commencé leur vol migratoire peu après le coucher du soleil et ont été suivis par les chercheurs pendant entre 1 et 3,7 heures. Pendant ce temps, les papillons ont parcouru une distance moyenne de 63,7 km, la distance la plus longue étant de 89,6 km. Cela représente la plus longue distance sur laquelle un insecte a été suivi en continu sur le terrain.
Une équipe dirigée par le Dr Myles Menz de l’Institut Max Planck du comportement animal a découvert que les papillons ne volaient pas seulement dans une direction avec des vents arrière favorables, comme l’avaient proposé d’autres scientifiques dans le passé. Au lieu de cela, les papillons ont volé en ligne droite la plus directe vers leur destination, mais ont été capables de corriger constamment leurs caps de vol spécifiques, lorsqu’ils ont rencontré des vents perturbateurs et des caractéristiques spécifiques du terrain.
Les papillons se déplaçaient à une vitesse au sol moyenne de 33,8 km/heure, et ils se déplaçaient tous en lignes droites tout au long de leur trajectoire de vol, qui durait des dizaines de kilomètres. Cette ligne directe a été maintenue, malgré la présence de vents de forces et de directions variables tout au long de leur parcours.
Selon les chercheurs, le maintien d’une trajectoire de vol et d’une vitesse de vol constantes tout au long de la nuit dans des conditions de vent variables suggère fortement que les papillons disposent d’un mécanisme de boussole interne. Ceci, ajouté à la vision nocturne exceptionnelle de l’insecte, indique que les sphinx utilisent probablement une combinaison de repères visuels et du champ magnétique terrestre pour parcourir des distances considérables pendant la migration.
Il est intéressant de noter que les papillons choisissaient des itinéraires à travers les montagnes présentant des caractéristiques topographiques (telles que des cols de haute altitude) qui leur permettaient d’éviter les altitudes les plus élevées lorsqu’ils traversaient les Alpes. L’une de ces voies impliquait l’utilisation d’une large vallée s’étendant de l’ouest au sud-ouest, ce qui permettait aux papillons de contourner complètement les Alpes.
La recherche, publiée dans la revue Science, apporte un nouvel éclairage sur le comportement complexe et sophistiqué des sphinx lors des migrations saisonnières. « Pour maintenir de telles trajectoires droites sur de longues périodes, comme on le voit ici, les papillons doivent régulièrement mettre à jour leurs positions par rapport aux signaux de navigation sur lesquels ils s’appuient », ont écrit les auteurs de l’étude. Les résultats montrent que les stratégies migratoires complexes ne sont pas l’apanage des seuls vertébrés, mais peuvent également être retrouvées chez ces insectes remarquables.
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Par Alison Bosman, Espèces-menacées.fr Rédacteur
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