Contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’annonce d’une telle trouvaille ne présente pas de menace particulière pour le phoque moine de Méditerranée, espèce « en danger » d’extinction. Bien au contraire, elle va permettre, nous l’espérons, de prendre des mesures urgentes pour sa conservation.
Site de reproduction secret
Ce sont des scientifiques de l’université d’Exeter, en Angleterre, en partenariat avec la Société de Protection des Tortues (SPOT) qui ont fait cette incroyable découverte, à Chypre : des grottes cachées sous le niveau de la mer dans lesquelles se retrouvent des phoques moines de Méditerranée pour se reproduire et élever leurs petits.
Après avoir observé plusieurs petits dans les environs, les scientifiques ont décidé de poser en 2016 des pièges photographiques afin de déterminer s’il s’agit, oui ou non, d’un site de reproduction important pour le phoque moine de Méditerranée. Réponse : oui !
Les images sont formelles et montrent que des bébés phoques naissent régulièrement dans ces grottes. Sur les 8 grottes surveillées, 3 sont utilisées effectivement pour la reproduction. L’une d’elles a même servi trois années de suite à une femelle. De quoi prouver que ce spot est de qualité pour la reproduction du phoque moine de Méditerranée.
Une zone à protéger d’urgence
Jusqu’à ce jour, personne n’avait connaissance de l’existence d’un tel site dans les environs. Résultat, la zone ne fait l’objet d’aucune protection particulière. Les pêcheurs continuent leur activité – or les prises accidentelles, voire parfois les abattages intentionnels car le phoque est considéré comme un gros mangeur de poissons et donc, comme un concurrent – et rien n’empêche d’éventuels projets d’aménagement qui pourraient détruire le site. Il peut arriver par exemple que des cavités rocheuses soient bouchées pour favoriser le développement touristique des littoraux. La construction d’hôtels représente une menace particulièrement forte.
C’est la raison pour laquelle les scientifiques appellent à la protection urgente des lieux. « Nous devons être sûrs que ce site de reproduction soit bien protégé », explique Damla Beton, co-auteure de l’étude présentant cette découverte. Les chercheurs sont en relation avec les autorités locales pour remédier à cela le plus rapidement possible.
« Nous devons aussi travailler main dans la main avec les pêcheurs pour assurer que les phoques moines aient des proies suffisamment abondantes et éviter que des captures accidentelles de phoques se produisent, en particulier près de ces grottes », ajoute Damla Beton.
Le phoque moine de Méditerranée, un animal discret
Autrefois, les femelles phoques moines de Méditerranée donnaient naissance à leurs petits sur les plages du pourtour méditerranéen et au large des côtes nord-africaines. Mais cet animal discret a préféré changer ses habitudes pour échapper aux nombreuses nuisances causées par la présence de l’homme. Car entre la pêche et le tourisme, Monachus monachus s’est rapidement retrouvé à devoir fuir loin des activités anthropiques pour survivre. Et aussi se reproduire.
Aujourd’hui, l’espèce est très discrète. D’abord parce qu’il ne reste plus beaucoup d’individus dans la nature – environ 700 selon les récentes estimations – et puis parce que les femelles mettent désormais bas dans des lieux difficiles d’accès pour l’homme. Ce sont par exemple des bords de falaise très escarpés ou des cavités rocheuses sous le niveau de la mer. Bien entendu, les petits sont ainsi protégés de l’homme, mais ils sont aussi exposés à de nouveaux dangers, comme les tempêtes qui emportent parfois les nouveau-nés.
L’espèce est classée « en danger » d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) à l’échelle globale.
0 réponse à “Découverte d’une pouponnière secrète de phoques moines de Méditerranée”