Récemment, plusieurs experts internationaux ont commencé à tirer la sonnette d’alarme sur les tentatives d’une équipe de scientifiques russes de « réveiller » et d’étudier dans leur laboratoire d’anciens virus trouvés dans les carcasses de mammifères congelés, comme les mammouths laineux, piégés dans le pergélisol sibérien. Tout comme dans le cas du SRAS-CoV-2 au début de la pandémie, les humains sont immunologiquement naïfs face à ces virus préhistoriques enfouis dans le pergélisol et, bien que la plupart d’entre eux ne soient peut-être pas capables de nous infecter, une poignée d’entre eux pourraient potentiellement déclencher de nouvelles épidémies, voire une autre pandémie.
Dans un article publié début décembre sur bioRxiv, une équipe de chercheurs dirigée par Jean-Michel Claverie (professeur émérite de virologie à l’université d’Aix-Marseille en France) décrit leur découverte d’un virus bloqué sous un lac sibérien gelé il y a plus de 48 500 ans. Bien que ce virus semble être infectieux uniquement pour les amibes, les scientifiques ont souligné que de nombreux autres types de virus pourraient se cacher dans des endroits similaires et que certains d’entre eux pourraient infecter les humains et d’autres animaux.
« Chaque fois que nous cherchons, nous trouvons un virus. C’est une affaire accomplie. Nous savons que chaque fois que nous chercherons des virus, des virus infectieux dans le pergélisol, nous en trouverons », a déclaré Claverie.
Même si le changement climatique et le dégel du pergélisol qui en résulte comportent des risques importants de libération de certains de ces virus des endroits où ils étaient piégés depuis des milliers d’années, l’intervention humaine pourrait être un facteur encore plus inquiétant dans la (ré)émergence de ces virus.
Par exemple, le Centre national de recherche en virologie et biotechnologie de Russie (connu sous le nom de Vector) vise désormais à extraire du matériel cellulaire contenant les virus qui ont tué d’anciens mammouths découverts dans le permafrost et à le rapporter au laboratoire pour expérimentation. Selon Claverie – et divers autres scientifiques du monde entier – de telles expériences sont très dangereuses et ne devraient pas être réalisées.
« (Les recherches de Vector) sont terribles. Je suis totalement contre. (C’est) très, très risqué. Notre système immunitaire n’a jamais rencontré ce type de virus. Certains d’entre eux pourraient avoir 200 000 voire 400 000 ans. Mais les anciens virus qui infectaient les animaux ou les humains pourraient encore être contagieux », a-t-il prévenu.
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Par Andrei Ionescu, rédacteur de Espèces-menacées.fr
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