Une étude révolutionnaire publiée dans la revue Microbiome environnemental suggère que les abeilles urbaines pourraient détenir la clé pour mieux comprendre les microbiomes des villes du monde entier, fournissant ainsi des informations précieuses sur la santé des ruches et des humains. Les villes étant conçues pour l’habitation humaine, elles abritent également une myriade d’autres espèces vivantes.
Comprendre ce paysage diversifié est crucial pour l’urbanisme et la santé humaine. Cependant, échantillonner le paysage microbien d’une manière qui couvre de vastes zones urbaines peut s’avérer fastidieux et difficile.
La chercheuse principale Elizabeth Hénaff et son équipe ont étudié le potentiel des abeilles domestiques pour aider à collecter des échantillons de micro-organismes dans les villes. On sait que les abeilles domestiques se nourrissent quotidiennement jusqu’à 1,6 km de leurs ruches en milieu urbain.
Les chercheurs ont mené une étude pilote à New York, où ils ont échantillonné divers matériaux provenant de trois ruches. Ils ont découvert diverses informations génétiques, notamment des bactéries environnementales, dans les débris accumulés au fond des ruches.
D’autres échantillons de débris de ruches provenant de Sydney, Melbourne, Venise et Tokyo ont révélé que chaque endroit possède une signature génétique unique vue par les abeilles.
À Venise, les données génétiques étaient majoritairement composées de champignons liés à la pourriture du bois et à l’ADN du palmier dattier. L’échantillon de Melbourne était dominé par l’ADN d’eucalyptus, tandis que l’échantillon de Sydney montrait peu d’ADN végétal mais contenait des données génétiques provenant d’une espèce de bactérie qui dégrade le caoutchouc (Gordonia polyisoprenivorans). Les échantillons de Tokyo comprenaient de l’ADN végétal de lotus et de soja sauvage, ainsi que de la levure fermentant la sauce soja Zygosaccharomyces rouxii.
Les experts ont également identifié du matériel génétique provenant des débris de la ruche pour Rickettsia felis (« fièvre des griffes du chat »), un agent pathogène transmis aux humains par les griffures du chat. Bien que ces résultats mettent en évidence le potentiel de l’utilisation de cette méthode pour la surveillance, ils sont actuellement trop préliminaires pour suggérer son efficacité dans la surveillance des maladies humaines.
De plus, les débris de la ruche contenaient des micro-organismes liés aux abeilles, provenant probablement de parties d’abeilles présentes dans les débris. Sur la base de 33 échantillons provenant de ruches réparties dans les quatre villes suivantes, les auteurs ont trouvé des micro-organismes d’abeilles connus indiquant une ruche saine. Dans certains cas, des agents pathogènes des abeilles tels que Paenibacillus larvae, Melissococcus plutonius ou le parasite Varroa destructor ont été détectés. Ces résultats suggèrent que l’analyse des débris pourrait également être utilisée pour évaluer la santé globale des ruches d’abeilles.
En conclusion, l’étude démontre que les débris des ruches d’abeilles offrent un instantané du paysage microbien des environnements urbains. Cette approche innovante pourrait être utilisée parallèlement à d’autres mesures pour évaluer la diversité microbienne et la santé des villes et des abeilles, aidant ainsi les chercheurs à mieux comprendre les interactions complexes entre les humains, les abeilles et les écosystèmes urbains.
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