À mesure que le dernier coronavirus subit des cycles successifs de mutations, la probabilité augmente qu’il échappe aux effets neutralisants des vaccins et autres formes de traitement développés jusqu’à présent. Face à cela, les scientifiques intensifient leur recherche de solutions thérapeutiques plus puissantes.
Dans une étude récente, Les scientifiques de Rockefeller Michael P. Rout et Brian T. Chait et leurs collègues du Seattle Children’s Research Institute ont testé l’efficacité d’une gamme de plus d’une centaine de nanocorps qui ciblent différentes parties de la protéine de pointe du SRAS-CoV-2. Les nanocorps sont comme de petits anticorps qui se lient uniquement à une section (domaine) spécifique d’un antigène tel que la protéine Spike. On les trouve chez les membres de la famille des chameaux, notamment les lamas, les alpagas et les chameaux.
Lorsque les lamas sont immunisés avec de petites doses de protéines du coronavirus, leur réponse immunitaire est similaire à celle des humains après avoir été vaccinés. Cependant, au lieu de produire des anticorps volumineux et volumineux comme le font les humains, ils produisent de petits anticorps qui se lient uniquement à des régions spécifiques de l’antigène. Ces fragments de liaison à l’antigène sont appelés nanocorps.
Les chercheurs ont collecté des échantillons de sang sur des lamas immunisés et ont identifié une gamme de nanocorps différents. Ils ont ensuite localisé les gènes du génome du lama qui étaient responsables du codage de ces petites molécules d’anticorps et ont introduit l’information génétique dans les chromosomes bactériens. Les bactéries génétiquement modifiées ont ensuite été cultivées en laboratoire et ont produit de grandes quantités de nanocorps qui pourraient être utilisées dans les analyses et les tests.
Des tests en laboratoire ont été effectués pour déterminer lesquels des différents nanocorps réussissaient le mieux à neutraliser les particules de coronavirus. Certains nanocorps ciblaient la région de la protéine de pointe qui se fixe aux récepteurs des cellules humaines. Cette région est la clé de l’infection car, une fois que la protéine Spike s’attache au récepteur de la cellule hôte, les membranes du virus et de la cellule hôte fusionnent et le virus peut pénétrer dans la cellule de l’hôte. D’autres nanocorps étudiés ciblaient différentes régions de la protéine de pointe.
Les résultats ont montré que plusieurs nanocorps étaient très efficaces pour neutraliser le coronavirus d’origine, ainsi que ses variantes Delta, Beta et Gamma. La petite taille des nanocorps leur permet d’accéder à des endroits difficiles d’accès du virus SARS-CoV-2 auxquels des anticorps plus gros pourraient ne pas pouvoir accéder. En outre, la recherche a montré que jusqu’à trois nanocorps différents pouvaient se lier simultanément à la même petite région de la protéine Spike, augmentant ainsi les chances de neutraliser le virus.
Les chercheurs ont également découvert que différents nanocorps étaient encore plus efficaces lorsqu’ils étaient combinés. Ils ont suggéré que cet effet accru était dû à l’action consistant à frapper différentes parties du virus en même temps, minimisant ainsi ses chances d’échapper à la neutralisation.
« L’une des choses les plus étonnantes que nous avons observées avec les nanocorps est qu’ils présentent une synergie extraordinaire », explique Chait. « L’effet combiné est bien plus grand que la somme de ses parties. »
Les scientifiques espèrent développer des cocktails de nanocorps qui ciblent simultanément différentes régions du virus, réduisant ainsi le risque que le virus puisse échapper à la détection et à la neutralisation. De nouvelles études sont même en cours pour tester l’efficacité de cette technologie sur le variant Omicron.
Les nanocorps sont petits et agiles, capables de se faufiler dans les replis difficiles d’accès de la protéine de pointe virale. Ils sont également peu coûteux à produire en masse à l’aide de levures ou de bactéries génétiquement modifiées. Cette propriété, ainsi que le fait qu’ils sont remarquablement stables même à des températures élevées et pendant de longues périodes de stockage, signifient que les nanobodies pourraient être développés en un médicament pouvant être utilisé dans différents contextes partout dans le monde. Cela est particulièrement urgent dans de nombreux pays en développement où les citoyens attendent toujours d’avoir accès aux vaccins.
L’étude est publiée dans la revue eLife.
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Par Alison Bosman, Espèces-menacées.fr Rédacteur
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