Les insectes herbivores mangent les feuilles et peuvent endommager la capacité de photosynthèse d’une plante si suffisamment de feuilles sont consommées. Cette relation remonte à aussi longtemps qu’il existe des plantes et des insectes mangeurs de feuilles sur Terre. Selon une nouvelle étude menée par des scientifiques de l’Université du Wyoming, les insectes d’aujourd’hui causent plus de dégâts aux forêts que leurs anciens ancêtres.
La première étude du genre compare les dommages dus aux insectes herbivores sur les plantes de l’ère moderne avec les dommages identifiés sur les feuilles fossilisées dès la fin du Crétacé, il y a près de 67 millions d’années. Les résultats sont publiés dans la prestigieuse revue Actes de l’Académie nationale des sciences.
« Notre travail comble le fossé entre ceux qui utilisent des fossiles pour étudier les interactions plantes-insectes sur une longue période et ceux qui étudient ces interactions dans un contexte moderne avec des feuilles fraîches », explique la chercheuse principale Lauren Azevedo-Schmidt. « La différence dans les dégâts causés par les insectes entre l’ère moderne et les archives fossilisées est frappante. »
Les chercheurs ont examiné des feuilles fossilisées présentant des preuves de dommages causés par les insectes depuis la fin du Crétacé jusqu’au Pléistocène, il y a un peu plus de 2 millions d’années. Les résultats ont été comparés aux feuilles collectées par Azevedo-Schmidt dans trois forêts modernes. L’analyse a pris en compte trois types différents de dommages causés par les insectes et, dans les trois catégories, les dommages étaient plus répandus dans les feuilles modernes que dans celles provenant des archives fossiles.
« Nos résultats démontrent que les plantes de l’ère moderne subissent des niveaux sans précédent de dégâts causés par les insectes, malgré le déclin généralisé des insectes », ont écrit les scientifiques, qui suggèrent que la disparité peut s’expliquer par l’activité humaine.
« Nous émettons l’hypothèse que les humains ont influencé la fréquence et la diversité des dégâts (des insectes) dans les forêts modernes, l’impact humain le plus important s’étant produit après la révolution industrielle. Conformément à cette hypothèse, les spécimens d’herbier du début des années 2000 étaient 23 pour cent plus susceptibles d’être endommagés par les insectes que les spécimens collectés au début des années 1900, une tendance qui a été liée au réchauffement climatique.
Les auteurs affirment cependant que le changement climatique n’explique pas entièrement l’augmentation des dégâts causés par les insectes. Ils soulignent la nécessité de recherches supplémentaires pour déterminer les causes précises de l’augmentation des dégâts causés aux plantes par les insectes, mais les scientifiques affirment que le réchauffement climatique, l’urbanisation et l’introduction d’espèces envahissantes ont probablement eu un impact majeur.
« Cette recherche suggère que la force de l’influence humaine sur les interactions plantes-insectes n’est pas uniquement contrôlée par le changement climatique mais plutôt par la manière dont les humains interagissent avec le paysage terrestre », ont conclu les chercheurs.
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Par Alison Bosman, Espèces-menacées.fr Rédacteur
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