De nouvelles recherches menées par l’Institut israélien de technologie ont révélé que les effraies des clochers (Tyto alba) construisent des cartes mentales de leur environnement en vol. Les experts rapportent que des neurones spécifiques de l’hippocampe – la partie du cerveau responsable de l’orientation spatiale – sont activés lorsque les hiboux traversent certains endroits.
On sait que des cellules de lieu – des groupes de neurones qui se déclenchent à un rythme élevé lorsqu’un animal visite un endroit particulier – existent dans le cerveau humain, et elles ont également été récemment découvertes dans le cerveau d’autres mammifères, notamment diverses espèces de rongeurs et de chauves-souris. Cependant, c’est la première fois que des preuves de cellules de lieu sont découvertes chez des oiseaux en vol.
Les chercheurs ont implanté des appareils d’enregistrement neuronaux sans fil dans le cerveau de six chouettes effraies et ont analysé leur activité cérébrale alors qu’elles volaient entre deux perchoirs.
Les experts ont découvert que certains neurones de l’hippocampe des hiboux tiraient plus fort à des points spécifiques le long de leur trajectoire de vol. Cette activité neuronale ne semble pas être affectée par les conditions d’éclairage de la salle de test ni par les mouvements des expérimentateurs.
« Chez la chouette effraie des clochers – un butineur central qui s’appuie fortement sur la mémoire pour se diriger vers des postes stratégiques et vers son perchoir la nuit – nous avons trouvé une représentation robuste des cellules de lieu », ont rapporté les auteurs de l’étude dans une version pré-imprimée de leur article.
Selon Kate Jeffrey, neuroscientifique à l’University College de Londres, les preuves fournies par l’équipe israélienne concernant la présence de cellules de lieu chez les effraies des clochers étaient « assez convaincantes ». Cette découverte est « cohérente avec les découvertes émergentes d’autres laboratoires selon lesquelles bon nombre des phénomènes que nous avons étudiés chez les mammifères ont des homologues chez les non-mammifères, suggérant une origine évolutive ancienne, plus de 300 millions d’années ».
« Dans l’ensemble des espèces, l’apparition de cellules de lieu est corrélée à une forte dépendance à l’égard de la mémoire spatiale. Nous pensons que la capacité du hibou à chasser et à naviguer dans l’obscurité presque totale est rendue possible, en partie, par une mémoire spatiale exceptionnelle basée sur l’hippocampe », ont conclu les auteurs de l’étude.
—
Par Andreï Ionescu, Espèces-menacées.fr Rédacteur
0 réponse à “Les effraies des clochers construisent des cartes mentales pendant le vol”