Dans le domaine agricole, la lutte contre les dégâts causés aux cultures par les oiseaux est un défi sans fin, avec des répercussions financières se chiffrant en millions de dollars chaque année.
Les chercheurs ont désormais introduit une solution de haute technologie à ce problème : les épouvantails laser. Les experts ont démontré que cette approche innovante peut réduire considérablement les dommages aux cultures.
Objet de l’étude
L’étude se concentre sur l’utilisation d’épouvantails laser pour dissuader les oiseaux, en ciblant spécifiquement la protection des cultures de maïs sucré.
Les étourneaux sansonnets, un ravageur courant chez les agriculteurs, ont reçu des épis de maïs sucré frais, et les chercheurs ont observé l’impact des faisceaux laser en mouvement sur ces oiseaux.
Il est remarquable que les lasers atténuent considérablement les dommages jusqu’à une distance de 20 mètres de l’appareil.
De grands résultats à des prix abordables
Kathryn Sieving, co-auteure de l’étude et professeur d’écologie et de conservation de la faune à l’Université de Floride, a expliqué que de plus en plus de producteurs recherchent des unités laser portables et peu coûteuses, comme celles testées dans la recherche.
« Les producteurs ont besoin d’effets importants à des prix abordables, et s’ils peuvent dépenser entre 300 et 500 dollars chacun pour des lasers destinés à protéger de grands champs pendant 1 à 3 semaines au lieu d’options plus coûteuses telles que l’embauche de personnes pour patrouiller avec des chiens, des faucons ou des fusils, alors les lasers serait bénéfique », a déclaré le professeur Sieving.
Fenêtre de vulnérabilité
L’un des principaux avantages des lasers réside dans leur efficacité pendant la « fenêtre de vulnérabilité », une période critique avant la récolte, lorsque les cultures sont les plus susceptibles d’être endommagées par les oiseaux. Cette courte fenêtre réduit la probabilité que les oiseaux s’habituent aux lasers, conservant ainsi leur efficacité.
« Les lasers sont largement explorés pour les cultures ayant de courtes fenêtres de vulnérabilité, comme le maïs sucré. Ils semblent très bien fonctionner, surtout lorsque différents moyens de dissuasion non létaux sont combinés (par exemple, des lasers avec des bruits forts) », a déclaré le professeur Sieving.
« Les oiseaux n’attaquent le maïs sucré que pendant la brève phase de maturation (appelée étape de traite) et cela ne dure que 5 à 10 jours. Ainsi, dès qu’il mûrit, la récolte commence. »
« Par conséquent, dans le maïs sucré, la protection n’a pas besoin de durer très longtemps, et les lasers semblent bien fonctionner – surprenant les oiseaux qui quittent les champs avec des lasers, ce qui réduit les dommages pendant les étapes de traite de bien plus de 20 %. »
Comment la recherche a été menée
La recherche impliquait deux types d’expériences : des essais avec des bâtons et des essais naturels. Dans les essais avec des bâtons, des épis de maïs ont été montés sur des bâtons à différentes distances des lasers, tandis que les essais naturels impliquaient des oiseaux se nourrissant de maïs mûr cultivé dans un enclos de vol. Ces essais ont permis de mieux comprendre l’efficacité des lasers dans des conditions contrôlées et dans des contextes plus naturels.
« Nous avons conçu les essais en bâtonnets pour augmenter la taille de l’échantillon afin d’obtenir des résultats plus robustes. Le maïs naturel mûrit sur plusieurs semaines, mais n’attire ensuite les oiseaux que pendant deux semaines – notre culture semée n’allait donc pas nous donner une taille d’échantillon suffisante. Grâce aux expériences sur le maïs en bâton, nous pourrions étudier les effets à petite échelle et augmenter la taille des échantillons », a expliqué le professeur Sieving.
Idées clés
Les résultats ont révélé que même si les lasers réduisaient légèrement les dégâts lors des essais avec des bâtons, leur impact était significativement plus prononcé lors des essais naturels.
Le professeur Sieving a attribué ce résultat à la robustesse des bâtons utilisés, qui permettaient aux oiseaux de se percher et de se nourrir tout en évitant le laser. En revanche, les tiges naturelles de maïs étaient plus sensibles à l’effet dissuasif des lasers.
La distance par rapport à la source laser a également joué un rôle crucial dans son efficacité. Si la dissuasion était efficace jusqu’à 20 mètres, elle diminuait au-delà de cette portée, avec peu d’impact observé à 30 mètres.
Paramètres de terrain réels
Cependant, Sieving a souligné que dans des conditions réelles sur le terrain, cet effet semble sans importance.
« Dans les champs ouverts, les oiseaux quitteront simplement un champ doté d’une protection laser détectable et voleront loin de son influence. Il semble qu’un seul laser par champ puisse souvent suffire à éloigner la plupart des oiseaux d’un champ.
« Ainsi, les effets spatiaux à petite échelle ne pourraient s’appliquer que si les oiseaux étaient trop déterminés à nourrir une petite zone – alors un producteur pourrait avoir besoin d’ajouter quelques unités laser avec des portées qui se chevauchent. »
Implications de l’étude
Le professeur Sieving espère que les épouvantails laser pourront offrir une solution durable pour la protection des cultures ayant des fenêtres de vulnérabilité courtes.
« Les lasers sont silencieux, contrairement aux moyens de dissuasion acoustiques (fortes détonations, autres bruits se produisant plusieurs fois par heure) qui peuvent être très gênants pour les voisins et les travailleurs. Les moyens de dissuasion mortels nécessitent des permis, du temps et de la main d’œuvre pour être appliqués et les effets secondaires potentiellement toxiques sur la faune, le sol et l’eau sont souvent inacceptables.
L’étude est publiée dans la revue Science de la lutte antiparasitaire
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