Le poisson-clown commun, représenté sous le nom de Nemo dans le film bien-aimé de Pixar, possède la capacité de compter, selon une nouvelle étude de l’Institut des sciences et technologies d’Okinawa. Cette étonnante découverte remet en question la représentation sereine et simpliste du poisson-clown.
L’étude, dirigée par le Dr Kina Hayashi et ses collègues Noah Locke et Vincent Laudet, se penche sur les comportements sociaux complexes du poisson clown.
Défendre leur territoire
Contrairement à l’existence paisible suggérée par leur représentation à l’écran, les poissons-clowns sont des créatures farouchement territoriales. Ils protègent avec zèle leurs anémones contre les intrus de la même espèce avec un niveau de discernement qui laisse présager des capacités cognitives inattendues.
L’étude est née d’une curiosité quant à la façon dont les poissons-clowns font la distinction entre amis et ennemis dans leurs environnements récifaux densément peuplés, où les rencontres avec d’autres espèces de poissons rayés sont fréquentes.
Dynamique sociale
Le poisson clown, y compris le poisson-clown commun (Amphiprion ocellaris), présente une variété de motifs de rayures, allant de trois barres blanches verticales à aucune, ce qui suggère que ces motifs pourraient jouer un rôle dans la reconnaissance des espèces et la dynamique sociale au sein du récif.
Pour explorer cette théorie, le Dr Hayashi et son équipe se sont lancés dans une expérience méticuleusement conçue. Ils ont élevé une cohorte de poissons-clowns communs à partir d’œufs, garantissant ainsi que ces poissons n’avaient aucune exposition préalable à d’autres espèces de poissons-clowns.
Reconnaissance des espèces
Vers l’âge de six mois, l’équipe a observé les interactions des jeunes poissons-clowns avec leur propre espèce et d’autres espèces de poissons clowns, documentant ainsi leurs réponses aux intrus perçus.
Remarquablement, les poissons-clowns communs ont démontré une agressivité prononcée envers leur propre espèce, en particulier ceux portant les trois bandes blanches caractéristiques, tout en montrant divers degrés de tolérance envers les autres espèces, en fonction du nombre et de la disposition de leurs rayures.
Repères visuels
Les chercheurs ont étudié plus en détail ce comportement en présentant au poisson-clown des modèles peints avec différents nombres de barres blanches.
Les réactions étaient révélatrices ; le poisson-clown montrait une nette préférence pour les modèles difficiles qui reflétaient leur propre motif à trois bandes, suggérant un niveau sophistiqué d’espèce et une auto-reconnaissance basée sur des signaux visuels.
« La fréquence et la durée des comportements agressifs chez le poisson clown étaient plus élevées envers les poissons avec trois barres comme eux, alors qu’elles étaient plus faibles avec les poissons avec une ou deux barres, et les plus faibles envers ceux sans barres verticales, ce qui suggère qu’ils sont capables de compter les nombre de barres afin de reconnaître l’espèce de l’intrus », a expliqué le Dr Hayashi.
Protéger leurs maisons
Le Dr Hayashi propose que ce trait de comportement ne soit pas simplement un simple acte d’agression mais une forme nuancée d’interaction sociale enracinée dans la nécessité de protéger son habitat des concurrents.
Ce discernement, basé sur le comptage du nombre de rayures, permet aux poissons-clowns d’identifier et de dissuader efficacement leurs rivaux potentiels, garantissant ainsi leur survie et l’intégrité de leur habitat au sein de l’écosystème complexe du récif.
Hierarchie sociale
Les chercheurs ont également découvert une hiérarchie stricte dans les colonies de poissons clowns qui détermine quel poisson attaque l’intrus.
Le poisson clown obtient sa troisième bande lorsqu’il devient suffisamment grand. Les positions sociales au sein d’une colonie sont déterminées par de légères différences de taille et se composent généralement d’une femelle alpha, d’un mâle bêta et de plusieurs juvéniles gamma. L’équipe a découvert que l’alpha chasse même les membres de sa propre colonie s’ils deviennent trop grands.
Lorsque les chercheurs ont étudié des poissons immatures qui n’avaient pas encore leur troisième bande, la même hiérarchie basée sur la taille a été observée. Le plus grand mineur a assumé le rôle d’alpha et a mené la charge contre l’intrus.
Implications de l’étude
« Les poissons clowns sont intéressants à étudier en raison de leur relation symbiotique unique avec les anémones de mer. Mais ce que montre cette étude, c’est qu’il y a beaucoup de choses que nous ignorons sur la vie dans les écosystèmes marins en général », a déclaré le Dr Hayashi.
L’étude apporte un nouvel éclairage sur les capacités cognitives des poissons, notamment en termes de reconnaissance visuelle et de discrimination sociale. Il remet en question les perceptions de longue date de l’intelligence des poissons et ouvre de nouvelles voies de recherche sur les processus cognitifs qui sous-tendent le comportement animal dans les environnements marins.
La recherche est publiée dans le Journal de biologie expérimentale.
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