Dans une nouvelle étude, des chercheurs ont documenté des taquineries ludiques chez les grands singes, suggérant que les racines de l’humour pourraient remonter très loin dans notre histoire évolutive.
La recherche collaborative a été menée par une équipe de biologistes cognitifs et de primatologues dirigée par l’Institut Max Planck du comportement animal.
Les experts ont dévoilé des informations fascinantes sur la dynamique sociale des orangs-outans, des chimpanzés, des bonobos et des gorilles, marquant une étape importante dans notre compréhension du comportement des primates.
Aspects fondamentaux de l’humour
L’étude établit des parallèles entre les comportements humains de plaisanterie et de taquinerie des singes, en soulignant leur nature provocante et persistante et l’incorporation d’éléments de surprise et de jeu.
Cette similitude suggère que les aspects fondamentaux de l’humour pourraient avoir évolué dans la lignée humaine il y a au moins 13 millions d’années, avant le développement du langage et offrant une nouvelle lentille à travers laquelle observer les capacités cognitives de nos plus proches parents dans le règne animal.
Taquineries ludiques
La plaisanterie, partie intégrante de l’interaction sociale humaine, repose en grande partie sur l’intelligence sociale, l’anticipation des actions futures ainsi que la reconnaissance et l’appréciation de la violation des attentes.
Les taquineries ludiques, observées chez les nourrissons humains dès l’âge de huit mois, partagent beaucoup avec la plaisanterie, proposant des actions provocatrices et répétitives qui impliquent la surprise et violent les normes ou attentes sociales.
L’étude suggère qu’un tel comportement chez les grands singes représente un précurseur cognitif des plaisanteries humaines plus complexes, suggérant un héritage évolutif commun d’humour.
« Les grands singes sont d’excellents candidats pour les taquineries ludiques, car ils sont étroitement liés à nous, participent à des jeux sociaux, rient et affichent une compréhension relativement sophistiquée des attentes des autres », a déclaré la première auteure de l’étude, Isabelle Laumer, chercheuse postdoctorale à l’UCLA.
Objet de l’étude
Les chercheurs ont minutieusement analysé les interactions sociales spontanées entre grands singes qui présentaient des caractéristiques de comportement ludique, légèrement harcelant ou provocateur.
Les experts se sont concentrés sur les actions du taquin, les mouvements du corps, les expressions faciales et les réponses des personnes taquinées, cherchant des preuves de leur intentionnalité et du désir de provoquer une réaction.
Comportement provocateur intentionnel
Les résultats ont révélé que les quatre espèces de grands singes adoptent des comportements intentionnellement provocateurs et souvent ludiques.
L’étude a identifié 18 comportements distincts visant à provoquer une réponse ou à attirer l’attention, comme agiter ou balancer des parties du corps ou des objets, frapper ou pousser des coups, regarder fixement, perturber les mouvements ou tirer sur les cheveux.
Ces actions, souvent persistantes et unilatérales, suscitaient rarement des signaux de jeu réciproques de la part des cibles, soulignant une distinction par rapport aux formes de jeu plus mutuelles.
Principales conclusions
« Il était courant que les teasers agitaient ou balançaient à plusieurs reprises une partie du corps ou un objet au milieu du champ de vision de la cible, la frappaient ou la poussaient, regardaient attentivement son visage, perturbaient ses mouvements, tiraient ses cheveux ou adoptaient d’autres comportements qui étaient extrêmement difficiles à ignorer pour la cible », a noté le professeur Erica Cartmill, auteur principal de l’étude, de l’UCLA.
Les auteurs de l’étude ont noté que même si les taquineries ludiques prenaient de nombreuses formes, elles différaient du jeu sur plusieurs points. « Les taquineries ludiques chez les grands singes sont unilatérales, provenant en grande partie du teaser, souvent tout au long de l’interaction, et rarement réciproques », a expliqué Cartmill.
« Les animaux utilisent également rarement des signaux de jeu comme la » face de jeu « des primates, qui est similaire à ce que nous appellerions un sourire, ou des gestes de » maintien « qui signalent leur intention de jouer. »
Implications évolutives
Cette recherche s’appuie sur les observations de Jane Goodall et d’autres primatologues de terrain, étudiant systématiquement les comportements observés de manière anecdotique depuis des années.
Les implications évolutives de ces découvertes sont profondes, suggérant que les taquineries ludiques et leurs prérequis cognitifs étaient probablement présents chez le dernier ancêtre commun des humains et des grands singes. Cela met non seulement en lumière l’évolution de l’humour et des interactions sociales, mais souligne également les liens profonds que nous partageons avec les grands singes.
« D’un point de vue évolutionnaire, la présence de taquineries ludiques chez les quatre grands singes et ses similitudes avec les taquineries ludiques et les plaisanteries chez les nourrissons humains suggèrent que les taquineries ludiques et leurs prérequis cognitifs pourraient avoir été présents chez notre dernier ancêtre commun, au moins 13 millions d’années. il y a », a expliqué Laumer.
« Nous espérons que notre étude inspirera d’autres chercheurs à étudier les taquineries ludiques chez davantage d’espèces afin de mieux comprendre l’évolution de ce comportement aux multiples facettes. Nous espérons également que cette étude fera prendre conscience des similitudes que nous partageons avec nos plus proches parents et de l’importance de protéger ces animaux en voie de disparition.
L’étude est publiée dans la revue Actes de la Royal Society B Biological Sciences.
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