Après la création du plus grand sanctuaire marin de la planète en 2016, la CCAMLR (Commission pour la conservation de la faune et de la flore marines de l’Antarctique) étudie en 2017 la création d’une nouvelle aire marine protégée dans l’est de l’Antarctique, l’une des dernières régions sauvages du globe.
Un sanctuaire marin d’un million de kilomètres carrés
Un nouveau sanctuaire marin d’un million de kilomètres carrés pourrait voir le jour en Antarctique. La proposition, portée par la France et l’Australie, est en cours de négociation auprès de la Commission pour la conservation de la faune et de la flore marines de l’Antarctique (CCAMLR). Les 25 membres ont jusqu’au 27 octobre pour en débattre : ils sont en ce moment réunis à Hobart, en Tasmanie (Australie), pour le sommet annuel.
Ce projet s’inscrit dans un plan beaucoup plus large, dont les prémices remontent à 2009 : cette année-là, la CCAMLR entérine la création de l’Aire marine protégée (AMP) du plateau sud des îles Orcades du sud. Il s’agit alors de la première AMP en haute mer, et elle recouvre 94 000 km² ; près de 9 ans de tractations auront été nécessaires pour que la proposition aboutisse. Dès lors, l’idée de constituer un immense réseau d’AMP émerge, avec pour objectif de sauvegarder l’océan Antarctique.
Les négociations sont toutefois laborieuses : les décisions de la CCAMLR sont prises par consensus et, sommet après sommet, la Chine et la Russie – entre autres – s’opposent aux projets les plus conséquents. Il faudra attendre 2016 pour qu’enfin, une réussite historique puisse être enregistrée : la plus grande AMP du monde, d’une surface supérieure à 1,5 million de km², voit le jour dans la mer de Ross. La France et l’Australie espèrent aujourd’hui capitaliser sur ce succès pour faire valider leur propre proposition, d’autant que des compromis ont déjà été consentis : le projet initial, en 2010, s’étendait sur 1,9 million de km² et était bien plus restrictif en termes d’activités humaines. En effet, une aire marine protégée n’exclut pas nécessairement toute forme d’exploitation anthropique : selon la définition du CCMALR, « en termes généraux, une AMP est une zone marine dans laquelle les ressources naturelles font l’objet d’une protection totale ou partielle« .
Lutter contre le réchauffement climatique en Antarctique
Protéger l’Antarctique présente un double intérêt : le réseau d’aires marines protégées permet évidemment de garantir la préservation de l’une des dernières régions immaculées de la planète, mais aussi de fournir un terrain d’étude privilégié aux scientifiques du monde entier. L’Antarctique est en effet très sensible au réchauffement climatique, dont les impacts doivent être étroitement surveillés. Pluies remplaçant les neiges, déplacement du plancton et du krill, ruptures de glaciers, modifications des températures… Ces phénomènes ont des conséquences multiples sur l’écosystème austral. Dans l’est de l’Antarctique, 18 000 couples de manchots Adélie ont par exemple subi une véritable hécatombe cette année. Les petits de la colonie nés entre fin 2016 et début 2017 sont presque tous morts de faim, probablement parce que leurs parents ont dû aller chercher la nourriture plus loin que les années précédentes. Seuls deux nouveau-nés ont survécu. En 2014, déjà, cette même colonie avait enregistré une mortalité similaire : les 20 196 couples que comptait alors la colonie n’avait pu assurer la survie d’aucun poussin.
La CCMALR devra donc étudier avec attention l’instauration de nouvelles AMP : si cela ne suffira évidemment pas à résoudre tous les problèmes, il s’agit sans conteste d’un outil très important pour la sauvegarde de l’Antarctique. Outre le projet porté par la France et l’Australie, deux autres propositions sont à l’étude : la première est défendu par l’Allemagne et concerne la mer de Weddell, la seconde est soutenue par le Chili et l’Argentine et pourrait aboutir à la protection de 94 000 km² dans l’ouest de la péninsule Antarctique.
Mise à jour du 31 octobre 2017 :
La CCMALR a rendu sa décision : cette année encore, les négociations ont échoué. Les représentants de la Chine et de la Russie se sont à nouveau opposés à la création de ce sanctuaire d’un million de kilomètres carrés, notamment préoccupés par la remise en cause de leurs droits de pêche dans le secteur concerné.
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