Deux associations ont découvert fin juin le nid d’un crocodile du Siam, l’un des reptiles les plus menacés de la planète. Les 19 œufs ont été prélevés afin de les protéger des prédateurs, ils grandiront dans un centre de conservation avant d’être réintroduits pour perpétuer l’espèce qui compte dans les 400 membres adultes en milieu sauvage.
La rivière Sre Ambel, territoire de nombreuses espèces menacées
Rappelez-vous, en mai dernier on vous faisait part de l’éclosion d’œufs de tortues royales (Batagur affinis) trouvés sur la rive de la rivière Sre Ambel, dans le sud-ouest du Cambodge. Et bien cette fois-ci, c’est au tour de 19 œufs de crocodiles du Siam de faire l’objet de toutes les attentions. Cela faisait six ans que les chercheurs sillonnaient cette région à la recherche d’oeufs de cette espèce de reptile, sans succès. Seuls des empreintes et des excréments prouvaient que le crocodile, classé « en danger critique d’extinction » par l’UICN, vivait encore dans cette rivière.
Pour les protéger de tout risque de prédation, les œufs ont été prélevés et placés dans un centre de conservation, probablement le même que celui où sont nées les tortues royales : le Centre de Conservation des Reptiles de Koh Kong. Les jeunes crocodiles réintègreront leur milieu naturel dans quelques années.
Une espèce plus répandue en ferme d’élevage qu’en milieu naturel
Le Cambodge abrite la majorité des crocodiles du Siam mais il est également possible d’en voir en Thaïlande, en Indonésie et au Vietnam où l’espèce a été réintroduite. La population sauvage serait autour de 410 adultes. Il faut bien préciser « sauvage » car il existe un autre chiffre plus terrible encore : 60 000, c’est le nombre de crocodile de Siam qui seraient actuellement élevés en Asie dans des fermes, semblables à celles où prolifèrent les tigres. Au contraire des centres de conservation, les fermes d’élevage font reproduire des espèces, menacées ou non, afin de commercialiser leur chair, leur peau ou tout ce qui trouvera preneur sur le marché.
Le marché de la maroquinerie, principal acheteur des peaux de crocodiles du Siam
Comme bien d’autres, Crocodylus siamensis était auparavant une espèce répandue en Asie. Le braconnage, la collecte des œufs pour alimenter les fermes d’élevage et la destruction du territoire sont les principales menaces qui ont causé le déclin du reptile. Au début des années 90, l’espèce était supposée éteinte mais des spécimens ont été aperçus, permettant le classement du crocodile sur la liste rouge de l’UICN et la mise en place de mesures pour sa protection. Pourtant, deux faits divers ont récemment prouvé qu’elles n’étaient pas suffisantes : en janvier 2016 d’abord, 70 crocodiles du Siam ont été découverts congelés dans un camion en Chine. Puis en juillet, près de 400 animaux sont trouvés, vivants cette fois. Ils étaient destinés à la maroquinerie.
La rivière Sre Ambel où ont été découverts les œufs de tortues royales et ceux de crocodiles du Siam, deux espèces proches de la disparition, abrite également Pelochelys cantorii, la tortue géante à coquille molle ou tortue géante de Cantor, classé « en danger » par l’UICN. Trois bonnes raisons de particulièrement protéger cet écosystème.
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