Le succès évolutif des mammifères est généralement associé au développement unidirectionnel de dents complexes. De nouvelles recherches menées par l’Université d’Helsinki ont montré que les reptiles herbivores tels que les lézards partagent ce succès, mais grâce à l’évolution bidirectionnelle des dents.
Contrairement à l’évolution unidirectionnelle de dents complexes chez les mammifères, l’étude a conclu que plusieurs groupes de lézards ont développé des dents avec de multiples cuspides qui facilitaient les régimes alimentaires basés sur la consommation de plantes, entraînant un taux de développement des espèces plus élevé. Cette évolution dentaire s’est finalement avérée plus flexible que celle des mammifères, offrant de nouvelles perspectives sur les nuances des dents et les adaptations alimentaires.
« Les dents des squamates ont reçu une attention limitée, même si elles sont deux fois plus nombreuses que les mammifères en nombre d’espèces et couvrent de nombreux habitats et aires géographiques », a déclaré le co-auteur de l’étude, le professeur Nicolas Di-Poï.
En effectuant une analyse comparative des données sur l’alimentation et la forme des dents de plus de 500 espèces vivantes et fossiles différentes, l’équipe de recherche a découvert que les squamates, l’ancêtre de tous les serpents et lézards, avaient initialement de simples dents en forme de chevilles qui facilitaient l’alimentation des insectes.
Des dents complexes portant de multiples cuspides (telles que celles trouvées chez les premiers mammifères) se sont ensuite développées à partir de ces dents en forme de chevilles, évoluant de manière bidirectionnelle à travers plusieurs lignées de lézards différentes. Cela a permis à de nombreux groupes de lézards d’évoluer en survivant uniquement grâce aux insectes, leur permettant de former des régimes alimentaires riches en plantes, formant dans certains cas une boucle de rétroaction qui a abouti à l’évolution de dents encore plus complexes.
Cependant, de nombreuses lignées de lézards ont également perdu leurs dents complexes suite au processus de réévolution de la morphologie de la dent simple ancestrale. « Cela a été une surprise totale, car les dents complexes apparaissent comme une innovation essentielle à la fois pour les squamates et les mammifères », a déclaré Fabien Lafuma, co-auteur de l’étude.
Les chercheurs ont conclu que cette évolution bidirectionnelle vers la consommation végétale présentait un avantage évolutif, car ces deux traits favorisaient une augmentation du développement des espèces.
En fin de compte, l’étude suggère que les vertébrés terrestres subissent une pression sélective similaire pour développer davantage de cuspides et ainsi augmenter leur consommation de plantes. La nature bidirectionnelle de l’évolution des dents chez les squamates reste cependant unique aux mammifères, de nombreuses lignées réduisant la complexité au fil du temps.
L’équipe a conclu que la différence pourrait provenir de variations dans le développement dentaire, des changements moléculaires mineurs pouvant entraîner des résultats très différents selon les échelles de temps évolutives. « Ce travail nous donne une compréhension plus nuancée de la façon dont la même adaptation critique a évolué dans différents groupes de vertébrés », a déclaré Lafuma.
L’étude a été publiée dans la revue Communications naturelles.
—
Par Calum Vaughan, Espèces-menacées.fr Rédacteur
0 réponse à “Une histoire compliquée de l’évolution des dents chez les reptiles”