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L’esturgeon commun d’Europe

Par Julien Bianchi | Publié le 28.05.2015 à 9h56 | Modifié le 11.01.2020 à 17h51 | Un commentaire
Esturgeon commun d'Europe

L’esturgeon d’Europe (Acipenser sturio), aussi appelé esturgeon commun, est le poisson migrateur le plus menacé d’Europe. Classé en danger critique d’extinction, ses effectifs sont aujourd’hui estimés à quelques centaines d’individus.

Description de l’esturgeon d’Europe

La taille et le poids de ce poisson varient essentiellement de 1 à 2 mètres et de 50 à 70 kg. Néanmoins, des prises records ont montré que ces mensurations pouvaient être largement dépassées, jusqu’à atteindre 3,5 mètres pour 350 kg.

Son rostre (museau allongé et pointu) est doté de quatre barbillons (filaments tactiles sensibles). Dépourvu d’écailles, ce poisson est en revanche protégé par cinq séries d’écussons (plaques osseuses). Autre fait marquant, sa nageoire caudale est dite « hétérocerque », ce qui signifie plus simplement « asymétrique », à l’image de celle des requins. Côté couleurs, son dos est d’un gris rosé à beige, alors que son ventre va du blanc nacré au jaune.

L’espérance de vie de l’esturgeon d’Europe est relativement longue, puisqu’il peut en principe atteindre les 100 ans.

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Localisation de l’esturgeon commun d’Europe

Localisation de l'esturgeon

L’estuaire de Gironde constitue très probablement l’ultime refuge de l’esturgeon.

Au XIXème siècle, Acipenser sturio était présent dans tous les grands fleuves européens. Il évoluait également dans plusieurs eaux littorales (notamment en Méditerranée, mais aussi par exemple en mer du Nord, mer baltique, ou sur les côtes de l’Atlantique nord). Son aire de répartition était donc très vaste, mais n’a cessé de se réduire à partir du début du XXème siècle.

Au milieu des années 1970, le constat est tombé : deux populations reproductrices seulement étaient encore recensées, la première dans l’estuaire de la Gironde, en France, et la seconde dans le fleuve Rioni, en Géorgie. La pollution dans ce dernier fleuve ayant fait des ravages, l’hydrosystème Gironde-Garonne-Dordogne constitue très probablement l’ultime refuge pour ce poisson.

Les menaces qui pèsent sur ce poisson osseux

Les menaces pesant sur l’esturgeon d’Europe sont la pêche, les polluants et les constructions fluviales telles que les barrages.

La pêche

L’esturgeon d’Europe a longtemps été victime de pêches intensives. Si sa chair était appréciée, il a également été très recherché pour la fabrication du caviar, qui n’est autre que les œufs des femelles. De 1900 à 1920, on estime que 15 000 esturgeons ont été pêchés dans le monde, pour passer à 4 000 environ au milieu du siècle et tomber à quelques individus dans les années 1980, ce qui en dit long sur la réduction des effectifs d’Acipenser sturio. Sa pêche a finalement été interdite en France grâce à un arrêté interministériel, le 25 janvier 1982.

Aujourd’hui, il arrive que des captures accidentelles surviennent et que l’esturgeon d’Europe en meure. Elles sont peu nombreuses (quelques spécimens déclarés chaque année) mais, compte tenu du manque d’individus reproducteurs, pourraient représenter dans la durée le facteur le plus impactant pour la disparition de ce poisson.

La pollution

Cette menace n’est aujourd’hui pas perceptible mais pèse tout de même sur l’espèce. La Garonne étant le dernier bassin reproducteur des esturgeons, il est capital de le préserver : des polluants comme des pesticides pourraient être assimilés par les larves ou poissons composant le régime alimentaire d’Acipenser sturio et, par voie de fait, le contaminer et entraîner des malformations.

D’autre part, des pollutions ponctuelles, telles que les marées noires, sont toujours possibles mais absolument imprévisibles.

La pollution de la Garonne est donc une menace latente ; difficilement quantifiable, ses effets pourraient cependant être dévastateurs.

La construction d’infrastructures

Comme pour la pollution, toute modification des infrastructures autour de la Garonne pourrait avoir de graves conséquences sur le cycle de vie de l’esturgeon. A l’heure actuelle, la section de la Garonne en aval des barrages est largement suffisante pour accueillir toute la population d’esturgeons (celle-ci étant très réduite), mais il convient d’interdire toute nouvelle construction. De même, l’exploitation de granulats en estuaire, destinée par exemple aux entreprises du BTP, altère fortement le milieu de vie de l’esturgeon commun d’Europe.

La Garonne est également jonchée de piscicultures (élevages de poissons en eau douce) destinées à la fabrication de caviar. Afin de garantir un niveau de production satisfaisant, l’introduction d’esturgeons de Sibérie (Acipenser baeri) a été autorisée. Les structures assurent que cette espèce ne s’échappe pas des élevages ; les reproductions hybrides ou la compétition entre les deux espèces sont donc en principe impossibles.

Néanmoins, en 1999 par exemple, suite à la rupture d’une digue, plusieurs dizaines de tonnes de ces esturgeons ont été libérées dans la Garonne. Il est donc important de s’assurer que la réglementation est bien suivie et que ce genre d’incident reste rare.

Efforts de conservation de l’esturgeon commun

Réintroduction d'esturgeons d'Europe

La protection de l’espèce passera forcément par la réintroduction de jeunes esturgeons.

A l’heure actuelle, il est établi que le nombre d’individus reproducteurs est trop faible pour assurer la pérennité de l’espèce : les rencontres entre mâles et femelles mâtures sont statistiquement très improbables. Sans intervention humaine, l’esturgeon commun d’Europe ne peut que s’éteindre.

En 2011, un plan national d’actions sur cinq ans a été mis en place en France. La première étape consistait à stopper le déclin de la population et, pour cela, à réduire les causes de mortalité. Dans le cas de l’esturgeon d’Europe, il s’agit principalement de sensibiliser les pêcheurs à la situation : le poisson est, la plupart du temps, encore vivant lorsqu’il est sorti de l’eau, et la réaction humaine est déterminante. Un nouveau plan national d’action sur la période 2020-2029 est par ailleurs en projet.

Des campagnes d’information sont donc régulièrement menées, par exemple par la CNPMEM (Comité national des pêches maritimes et des élevages marins) ou la CONAPPED (Comité national de la pêche professionnelle en eau douce).

Autre action en place, et non des moindres : la réintroduction de larves et d’alevins, dont l’âge va de quelques jours à plusieurs mois, dans la Garonne et dans l’Elbe (Allemagne). Depuis 2007, plus d’un million et demi de jeunes esturgeons d’Europe nés en captivité ont été relâchés. Cette opération, inédite par son envergure et mise en place par l’IRSTEA (Institut de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture) de Bordeaux, et l’IGB (l’Institut Gregory Bateson), à Berlin, pourrait s’étendre à des fleuves comme le Rhône ou le Danube.

Les résultats de ces réintroductions sont encore méconnus : Acipenser sturio ne peut se reproduire qu’à partir de 12 ans, âge que les premières larves relâchées devraient seulement atteindre dans les années à venir. En absence de géniteurs, et donc de patrimoine génétique différent, l’espèce est loin d’être sauvée. Néanmoins, entre 2009 et 2011, le nombre de captures accidentelles signalées a nettement augmenté, ce qui semble être un signe encourageant sur l’augmentation de la population.

Enfin, de nombreuses mesures ont été mises en place à l’échelle européenne afin de surveiller les obstacles aux migrations, la sauvegarde des habitats, la contamination par pollution, etc. Plusieurs associations européennes et nord-américaines travaillent de concert, l’objectif étant de mettre en commun toutes leurs données afin de sauver l’esturgeon d’Europe d’une extinction programmée.

Reproduction

Esturgeon juvénileL’esturgeon commun est dit amphihalin anadrome, c’est-à-dire qu’il mène une double vie : évoluant habituellement en mer, l’adulte mature effectue une migration et remonte les fleuves et rivières pour se reproduire en eau douce.
L’esturgeon s’accouple entre début mai et fin juin dans des zones peu profondes, au substrat composé de galets ou graviers et à fort courant. Compte tenu du peu de reproductions observées en milieu naturel, les connaissances à ce sujet sont rares.

La femelle, accompagnée de plusieurs mâles, libérerait plus de 300 000 œufs. La membrane de ceux-ci devient adhésive au contact de l’eau : ils collent donc aux graviers, ce qui leur permet d’échapper partiellement aux prédateurs. Les œufs mesurent environ 3 mm et incubent 3 à 5 jours. Après l’éclosion, les jeunes alevins demeurent en zone fluviale, où ils se nourrissent de plancton et de larves d’insectes. En deux semaines, ils mesurent déjà 7 à 8 cm ; en septembre, ils mesurent plus de 20 cm et les écussons apparaissent. Au printemps suivant, ils descendent vers l’estuaire, où ils resteront 3 à 7 ans. Durant cette période, ils réaliseront plusieurs petites migrations, appelées en Gironde « Mouvée de la Saint-Jean » : l’esturgeon commun préfère passer l’hiver sur le littoral (à une dizaine de kilomètres de la côte pour les plus jeunes contre une centaine pour les adultes), et l’été en estuaire.

Après cette période, une migration plus longue commence : des individus ont été pêchés ou repérés sur les côtes de la Manche, de la mer du Nord ou d’Irlande. Au cours de ce périple, le juvénile acquiert enfin sa maturité sexuelle. Il entame alors sa migration de retour vers son bassin d’origine pour se reproduire.

La maturité sexuelle d’Acipenser sturio ne s’acquiert qu’autour de 13 ans pour les mâles et 16 ans pour les femelles. Les cycles de reproduction semblent annuels pour les mâles et trisannuels pour les femelles, ce qui complique très fortement la sauvegarde de l’espèce. La dernière reproduction observée en milieu naturel remonte à 1994 !

En savoir plus sur l’esturgeon

Les esturgeons existent depuis plus de 300 millions d’années : ils existaient donc déjà depuis 70 millions d’années lorsque les premiers dinosaures sont apparus !

Plus d’informations grâce à la vidéo de présentation réalisée par l’IRSTEA, que nous remercions par ailleurs pour l’ensemble des photographies fournies.

par Benoit Goniak

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1 réponse to “L’esturgeon commun d’Europe”

  1. 29.11.2017

    billieres Répondre

    un grand bravo pour toutes ces recherches et ce travail une idée peut être pour faire connaître votre travail et son enjeu à la population Francaise ( voire Européenne ) serait de passer un partenariat avec les vendeurs et producteurs de caviar pour qu ils mentionnent sur leur étiquettes votre programme .
    Autre idée , distribuer des tracts sur le TGV Paris Bordeaux pour visiter votre centre
    bien à vous
    pascal

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