Diverses organisations environnementales et experts en conservation de la faune ont mis en garde contre le grave risque que représentent les parcs éoliens de Derramador, Frontones et Fuenteálamo, prévus dans la province d'Albacete, pour la survie de l'aigle impérial ibérique, l'une des espèces les plus menacées d'Europe.
Ces installations, situées dans une zone de haute valeur écologique et à proximité des zones de camping et de reproduction de l'espèce, pourraient entraîner une augmentation significative de la mortalité due aux collisions avec les éoliennes.
L'aigle impérial, classé comme espèce en voie de disparition, compte des populations qui se rétablissent lentement grâce à des décennies d'efforts de conservation.
Le danger des éoliennes et les causes de la mort de l'aigle impérial
Les écologistes ont pris connaissance des données officielles de surveillance de la faune dans les parcs éoliens de Derramador, Frontones et Fuenteálamo, situés dans les municipalités de Bonete, Montealegre del Castillo, Corral Rubio et Chinchilla de Montearagón (Albacete), qui confirment la mort de trois spécimens de l'aigle impérial ibérique entre septembre 2022 et septembre 2024.
Ces parcs ont été autorisés par la Direction générale de transition énergétique de Castille-La Manche en 2021, et leur approbation a fait l'objet d'un recours par des ONG environnementales devant le Tribunal supérieur de justice de la communauté autonome en raison de leur impact critique sur les habitats et les espèces protégées, ainsi qu'en raison de lacunes dans le processus d'évaluation environnementale.
Il convient de noter que les projets sont situés dans les zones environnantes du réseau Natura 2000, affectant la connectivité écologique entre les tuiles de la ZPS « Zone steppique de l'est d'Albacete » et la Zone importante pour la conservation des oiseaux et de la biodiversité « Pétrola – Almansa – Veda ».
Il s'agit d'une zone avec la présence de 171 espèces d'oiseaux recensées, comme l'aigle impérial ibérique, l'érismature à tête blanche, le busard des roseaux, le flamant rose ou la grue cendrée, ainsi que des oiseaux des steppes comme la grande outarde et la petite outarde.
«L'expérience accumulée dans ce cas montre que les impacts prévus dans les rapports techniques se sont matérialisés, affectant directement des espèces en danger d'extinction comme l'aigle impérial ibérique. Il est essentiel que le déploiement des énergies renouvelables se fasse avec des critères de compatibilité environnementale, dans le respect de la législation en vigueur et des valeurs écologiques du territoire », affirment-ils.
Et d'ajouter : « la fragmentation des projets, l'absence d'évaluation des effets synergiques et stratégiques, ainsi que les études de répercussions sur le réseau Natura 2000 ont contribué à consolider un impact désormais irréversible. « Ce type de situation renforce la nécessité d'appliquer le principe de précaution dans les zones sensibles dès le début du processus. »
De graves impacts sur les espèces menacées et protégées
Depuis les premiers rapports techniques de 2017, le Service de Politique Forestière et Espaces Naturels du Gouvernement de Castille-La Manche avait déjà mis en garde contre les « inconvénients » des projets dus à la présence d'espèces menacées et aux excellentes conditions trophiques de la zone.
Cependant, en 2019, des études d'impact environnemental (DIA) favorables ont été publiées, sans étude d'impact cumulatif ni de répercussions sur le réseau Natura 2000, et sans considérer la synergie avec cinq autres projets solaires promus par le même groupe d'entreprises dans la même zone.
Les données désormais publiées par la Direction Générale du Milieu Naturel et de la Biodiversité dans la DIA défavorable d'un nouveau projet lié (Campanario IV et V Híbrido) révèlent que :
- Dans le parc Frontones, 35 incidents d'espèces protégées ont été enregistrés, dont 2 aigles impériaux.
- Dans le parc Fuenteálamo, 42 cadavres de 41 espèces cataloguées ont été localisés.
- Dans le parc Derramador, 61 accidents ont eu lieu dans lesquels 55 espèces protégées ont été impliquées, dont 1 aigle impérial.
Ces données confirment l'effet négatif des éoliennes sur la faune menacée, notamment dans les zones de camping et d'alimentation des espèces menacées. Le rapport officiel souligne la forte concentration de projets dans la zone, la fragmentation de l'habitat et la création d'un « effet barrière critique ».
Lacunes dans le traitement des autorisations
Outre l'impact du projet sur l'avifaune, l'approbation a été accordée avec des déficiences et des irrégularités évidentes dans le processus d'évaluation de l'impact environnemental :
D'une part, il manquait aux trois projets autorisés une étude d'impact cumulatif et de synergie prenant en compte leur impact conjoint et en relation avec une autre série d'installations d'énergie éolienne et photovoltaïque déjà approuvées dans la zone.
Il s’agit d’une fragmentation frauduleuse évidente d’un véritable projet de production mixte d’énergies renouvelables de seulement 400 MW (250 MW solaire et 150 MW éolien) sur près de 1 000 hectares de superficie avec le même promoteur, qui de par sa taille aurait dû être évalué par le ministère de la Transition écologique et du Défi démographique.
En outre, ce type de développement à grande échelle de la production d'énergies renouvelables devrait être inclus dans un plan ou programme sectoriel stratégique de la communauté autonome qui garantisse la conservation de la diversité biologique et l'utilisation durable des ressources naturelles, et qui à son tour soit soumis à une évaluation environnementale stratégique.
Sans oublier que les trois parcs ne disposaient pas de l'étude obligatoire des répercussions sur le réseau Natura 2000, malgré le fait que l'installation de ce macro parc éolien affecte, de par sa nature et sa proximité, la ZPS de la Zone Steppe de l'Est d'Albacete.
Les écologistes rappellent que les cadavres retrouvés ne représentent qu’une fraction de la mortalité réelle, en raison de l’efficacité limitée des systèmes de détection et de l’action des espèces charognardes.
L'organisation réitère la nécessité d'appliquer le principe de précaution dans l'évaluation des projets qui affectent des espèces en danger d'extinction, et souligne que les mesures correctives ultérieures n'ont pas empêché la perte de spécimens d'une valeur incalculable pour la biodiversité, c'est pourquoi elle espère que le TSJ de Castilla-La Mancha se prononcera contre l'autorisation de ces parcs dans le cadre de la procédure contentieuse-administrative initiée par le ONG.
Cartes de compatibilité
Là où c'est important et, pour cette raison, des cartes de compatibilité des énergies renouvelables terrestres avec la biodiversité ont été élaborées, qui, selon elle, devraient être utilisées pour compléter le zonage environnemental déjà préparé par le ministère de la Transition écologique et du Défi démographique, ainsi que celui qui aurait pu être élaboré au niveau régional.
Il est essentiel que les projets visant à l'utilisation d'énergies renouvelables soient situés dans les zones considérées a priori comme les moins nocives conformément à leurs dispositions, en se soumettant ensuite au processus obligatoire d'évaluation environnementale.
Les écologistes ont mis ces cartes de compatibilité à disposition des administrations, des entreprises, des associations de conservation et des citoyens pour promouvoir une transition énergétique agile, équitable et durable. Ils montrent qu'entre 23% et 26% du territoire (selon le type d'énergie) présente une faible sensibilité et donc moins de risque pour le nécessaire déploiement des énergies renouvelables dans notre pays.




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