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Le lézard du val d’Aran

Par Julien Bianchi | Publié le 13.10.2017 à 17h46 | Modifié le 31.10.2017 à 12h57 | 0 commentaire

Si une multitude d’espèces de lézards évoluent dans la chaîne des Pyrénées, trois espèces en sont strictement endémiques :

  • le lézard de Bonnal (Iberolacerta bonnali)
  • le lézard d’Aurelio (Iberolacerta aurelioi)
  • le lézard du Val d’Aran (Iberolacerta aranica)

Ces trois espèces n’ont été scientifiquement différenciées que très récemment, au début des années 1990. Toutes sont aujourd’hui menacées de disparition ; le lézard du val d’Aran est pour sa part classé « en danger d’extinction » (EN) par l’UICN.

Description du lézard du val d’Aran

Le lézard du val d’Aran est un petit reptile : son corps mesure entre 4,5 et 6,6 cm (on parle de « longueur museau-cloaque ») et sa queue se déroule sur environ deux fois cette taille. La couleur de sa robe peut varier du grisâtre au marron foncé en passant par le beige ou le brun. Contrairement à certaines espèces avec qui il partage son territoire, comme le lézard des murailles (Podarcis muralis), son dos ne montre aucune ligne sombre longeant la colonne vertébrale ; en revanche, sur ses flancs se dessinent de grandes bandes allant du brun au noir. Ces dernières sont par ailleurs souvent ornées d’éclats métalliques de couleur or, platine ou bronze, et de discrètes taches d’un bleu pâle peuvent également apparaître sur les écailles ventrales externes. Son ventre est quant à lui uniformément blanc avec une tendance rare à tirer vers le jaune pâle.

Lézard du val d'Aran femelle

L’une des différences morphologiques fondamentales entre le lézard du val d’Aran et le lézard des murailles est le contact entre l’écaille du museau et l’écaille dite internasale. En effet, dans le cas de l’Iberolacerta aranica, la jonction entre les écailles se fait sur le museau alors que dans le cas du lézard des murailles, cette jonction est latérale. Grâce à cette différence, il est possible d’identifier à coup sûr un membre du genre Iberolacerta sur simple photographie.

Localisation et habitat de ce lézard pyrénéen

Située en Europe, la chaîne de montagnes des Pyrénées forme une frontière naturelle entre la France et l’Espagne. L’aire de répartition d’Iberolacerta aranica se limite à une dizaine de massifs situés entre le cap de la Pique et le cap Ner. L’intégralité de son territoire peut ainsi être recouverte par un rectangle de 26 km par 18 km de côté. Grâce aux nombreuses recherches qui ont été organisées à partir des années 2000, on sait aujourd’hui qu’au moins la moitié des populations du lézard du val d’Aran vit sur le versant nord des Pyrénées, ce qui donne à la France une grande responsabilité dans la conversation de cette espèce.

Habitat du lézard du val d'AranIberolacerta aranica évolue principalement aux étages dits « subalpin » et « alpin », soit entre 2000 et 2600 mètres d’altitude. Les arbres disparaissent alors et laissent la place à un habitat que ce reptile affectionne tout particulièrement : des affleurements rocheux au cœur de prairies. Bien que cela soit plus rare, il peut également être aperçu à une altitude inférieure, principalement du côté français de la frontière pyrénéenne : une vingtaine de colonies y évolue entre 1650 et 2000 mètres au-dessus du niveau de la mer, et une petite population a même été observée récemment à 1426 mètres.

Menaces sur le reptile

Le lézard du val d’Aran affectionne les hautes altitudes et dispose d’une aire de répartition très restreinte. En conséquence, il est particulièrement menacé par le réchauffement climatique et le développement des activités humaines.

Réchauffement climatique

Tous les randonneurs le savent : une augmentation de 100 mètres en altitude entraîne une diminution d’environ 1°C de la température de l’air. Si ce petit adage n’est qu’une approximation (la réalité avoisine davantage 0,6 ou 0,7°C pour 100 mètres), il met en lumière un phénomène qui touche l’ensemble des écosystèmes montagnards, avec pour effet direct la création d’un « étagement » de la végétation.

Etagement de la végétation pyrénéenne

Grossièrement, cela signifie que les forêts disparaissent presque systématiquement à environ 2000 mètres d’altitude et qu’au-delà, de simples pelouses alpines recouvrent les montagnes. A partir de 3000 mètres, le paysage se transforme à nouveau et il ne subsiste qu’un environnement rocailleux recouvert de diverses mousses.

Parce que le lézard du val d’Aran ne peut être aperçu qu’à des altitudes élevées, il est particulièrement vulnérable aux hausses de températures qui s’annoncent durant le siècle à venir. L’étage alpin pourrait être bouleversé : les scientifiques s’attendent à un déplacement de la végétation allant de 200 mètres à 500 mètres. Or, dans l’aire de répartition d’Iberolacerta aranica, le pic de Mauberré atteint 2880 mètres, le pic de Crabère plafonne à 2630 mètres, le mont Valier culmine à 2838 mètres… Il est donc facile de comprendre que le domaine alpin, où vit le lézard du val d’Aran, va se réduire plutôt que se déplacer : selon le plan national d’actions en vigueur, « certaines populations sont déjà isolées au sommet de massifs peu élevés, à domaine alpin pratiquement nul, et devraient rapidement s’éteindre. »
Par ailleurs, ces modifications pourraient apparaître en l’espace de quelques décennies, ce qui est extrêmement court à l’échelle de l’évolution : il y a donc fort à parier que le lézard du val d’Aran n’aura pas le temps de s’adapter.

Anthropisation des Pyrénées

Un autre phénomène laisse planer une menace sur le lézard du val d’Aran : les activités dites anthropiques, c’est-à-dire liées à l’Homme. Si le secteur minier a autrefois eu un impact sur les écosystèmes, le phénomène est aujourd’hui principalement lié à la construction de refuges estivaux, le développement de stations de ski ou la création d’aménagements hydroélectriques. Ces bâtiments, même lorsqu’ils sont de taille modeste, entraînent la création de routes ainsi qu’une augmentation de la fréquentation. Or, le territoire d’Iberolacerta aranica étant extraordinairement restreint, il doit être préservé autant que possible.

Museau du lézard du val d'Aran

Un Plan National d’Actions (PNA) pour sauver le lézard du val d’Aran

Jusqu’à récemment, il était difficile d’établir un plan de sauvegarde efficace concernant le lézard du val d’Aran, au moins du côté nord des Pyrénées. Les populations françaises étaient en effet très peu étudiées, voire tout simplement inconnues : en 2000, une unique population du lézard du val d’Aran était recensée en France. Au cours des dix étés suivants, de nombreuses recherches ont été menées par plusieurs organismes : l’association Nature Midi-Pyrénées, le laboratoire de biogéographie et écologie des vertébrés de l’EPHE et l’Association des Naturalistes d’Ariège (ANA), parmi d’autres, ont travaillé de concert afin de répertorier toutes les populations, la diversité génétique de l’espèce, les habitats potentiels… Les résultats ont permis la création d’un Plan national d’actions s’étalant de 2013 à 2017. Plusieurs grands axes sont donnés comme :

  • Poursuivre l’inventaire des populations afin de connaître parfaitement la répartition de l’espèce
  • Etablir la liste des habitats potentiels à étudier
  • Suivre la démographie des colonies identifiées
  • Etudier l’éventuelle remontée des zones de présence
  • Evaluer la structuration génétique de l’espèce

Ces connaissances sont évidemment partagées avec les acteurs espagnols de la protection de la biodiversité ; elles fournissent un socle scientifique aux études d’impacts concernant les constructions humaines et facilitent la sensibilisation du grand public. A l’heure actuelle, l’essentiel des populations d’Iberolacerta aranica évolue dans des sites classés Natura 2000 comme le Haut Biros et le Mont Valier, territoires par conséquent protégés d’éventuels projets d’anthropisation.

Iberolacerta aranica juvénile

Reproduction

L’habitat du lézard du val d’Aran est remarquablement rude : 7 mois de gelées nocturnes, de la neige recouvrant le sol 6 à 8 mois consécutifs, une température moyenne annuelle comprise entre -2°C et 5°C… Iberolacerta aranica est ainsi actif uniquement entre la fonte des neiges et les premières chutes, ce qui correspond approximativement à la période s’étalant entre mai et octobre ; ce délai varie toutefois en fonction de l’altitude.

La période de reproduction débute dès la fin de l’hivernage et, peu après l’accouplement, la femelle pond entre 2 et 5 oeufs qu’elle cache sous des pierres plates, ce qui les préserve notamment des prédateurs. Plusieurs femelles peuvent parfois choisir le même emplacement, ce qui donne lieu à des groupements comptant 6 à 29 oeufs.
L’incubation dure environ 4 semaines (23 à 34 jours) et, lors de l’éclosion, le corps du nouveau-né mesure en moyenne 2,6 centimètres pour un poids avoisinant un demi-gramme. La maturité sexuelle sera ensuite atteinte à 4 ans pour les mâles ou 5 ans pour les femelles.

De par le faible nombre d’oeufs pondus par la femelle et la maturité tardive des individus, le taux de reproduction de l’espèce est très faible… ce qui s’explique par le fait que le lézard du val d’Aran n’a que très peu de prédateurs dans son milieu naturel ! Il peut par ailleurs vivre jusqu’à 17 ans, ce qui permet à chaque individu de se reproduire de nombreuses fois. Toutefois, ces caractéristiques biologiques rendent l’espèce d’autant plus vulnérable aux menaces qui pèsent sur elle ; avec une telle stratégie de reproduction, chaque oeuf, chaque individu a son importance et le moindre dérèglement peut remettre en cause la pérennité de l’espèce.

Toutes les photographies sont issues du livre Les reptiles des Pyrénées de Gilles Pottier

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