1 – Le lynx boréal en grand danger dans le Jura
Le rapport rendu par le centre Athenas, centre de sauvegarde de la faune sauvage dans le Jura, est catastrophique : « si rien n’est fait, dans 5 à 10 ans, la population de lynx boréal du massif jurassien aura disparu ou presque ». Sur une population de 150 individus environ répartis entre le Doubs et le Jura, au moins 26 (dont dix adultes) ont disparu « dans le plus grand silence » entre septembre et décembre 2015. Pour chacune des huit femelles tuées, une portée entière peut mourir de faim, mettant en péril la stabilité de toute la population ; le nombre de jeunes lynx recueillis au centre Athenas s’est ainsi notablement accru. Tous étaient dénutris et dans un grand état de faiblesse.
Pour expliquer ces disparitions, la théorie la plus plausible reste tout simplement le braconnage. Pour Gilles Moyne, responsable du centre Athenas, « l’Etat doit se donner les moyens de procéder à des investigations ». Une seule femelle aurait été percutée par une voiture, ce qui laisse de nombreux cas non élucidés. Si les disparitions se poursuivent à ce rythme, la dernière population viable de lynx boréal en France, espèce pourtant protégée, s’éteindra dans quelques années.
2 – Découverte d’une nouvelle population de lions en Ethiopie
Les explorations de régions reculées ne manquent pas de surprises : en Ethiopie, dans le Parc national Alatash, une expédition scientifique a permis de confirmer la présence d’une population de lions jusqu’ici jamais recensée. Au total, entre 100 et 200 félins pourraient ainsi avoir échappé à toute pression humaine.
Cette découverte est très importante ; si les chercheurs estiment que les lions étaient 200 000 au milieu du XXème siècle, il en resterait aujourd’hui dix fois moins. Plus inquiétant encore, selon une étude publiée en octobre 2015, leur nombre devrait avoisiner les 10 000 dans une vingtaine d’années. Les effectifs de cette espèce semblent donc régresser irrémédiablement. Hans Bauer, responsable de l’expédition en Ethiopie, n’est d’ailleurs pas dupe : « j’ai rayé des populations de lions les unes après les autres », a-t-il confié au journal New Scientist, « et c’est la première fois, et probablement la dernière, que j’en ajoute une nouvelle. »
3 – La plus grande forêt du monde protégée à 85 %
La forêt du Grand Ours est située en Colombie-Britannique, sur la côte Pacifique du Canada. S’étalant sur plus de trois millions d’hectares, elle abrite des arbres millénaires et une biodiversité exceptionnelle.
Lundi 1er février, le gouvernement provincial de Colombie-Britannique a annoncé qu’un accord avait été établi entre les autochtones, les écologistes et l’industrie forestière : tout abattage d’arbre est désormais formellement interdit sur 85 % de la superficie de la forêt. Les 15 % restants ne sont pas oubliés : bien que consacrés à des exploitations minières et forestières, ces activités seront très encadrées.
Résultat historique s’il en est, cet accord est l’aboutissement de près de deux décennies de campagne, notamment menée par Greenpeace, et de 10 ans de négociations. Il permettra d’assurer la protection de la biodiversité et des forêts, mais aussi celle des 26 communautés amérindiennes implantées localement.
4 – Des crapauds asiatiques envahissent Madagascar
A la fin des années 2000, des crapauds asiatiques ont débarqué à Madagascar. Probablement cachés dans des porte-conteneurs, ils envahissent l’île et se reproduisent. En 2014, les premiers scientifiques s’inquiètent : l’espèce est particulièrement toxique et tue ses prédateurs. Ils sont aujourd’hui 4 millions répartis sur seulement 100 km². Au-delà des risques pour la faune locale, la santé humaine est aussi en jeu ; sur l’île de Madagascar, les grenouilles sont considérées comme des proies faciles et sont consommées.
Un nouveau rapport paru en février se montre d’un pessimisme assumé : il estime qu’il « n’est pas possible d’éliminer les crapauds envahissants de la Grande Île. » Tout l’écosystème est donc en danger : des petits mammifères jusqu’aux rapaces en passant par les serpents, les caméléons ou les lézards, tous peuvent succomber à Duttaphrynus melanostictus. Dès lors, d’autres espèces parasites proliféreraient.
Selon les chercheurs, éradiquer ces crapauds nécessiterait d’engager entre 5 et 10 millions de dollars sur 5 ans sans aucune garantie de résultat : un plan d’une telle envergure n’a jamais été mis en œuvre contre ces crapauds asiatiques et la situation semble d’ores et déjà bien sombre.
5 – Une armée privée pour défendre les rhinocéros
Une véritable armée a été formée au Kenya, dans les réserves de Lewa et Borana. Entraînée par un ancien instructeur des forces spéciales britanniques, cette milice privée n’a qu’un objectif : défendre les quelques 73 derniers rhinocéros des deux parcs. Evoluant par groupes de quatre (un sniper, deux fusiliers, un guetteur), ces hommes ne placent pas en état d’arrestation les braconniers, pas plus qu’ils ne les invitent à déposer leurs armes ; les snipers ont pour ordre d’abattre sans sommation quiconque essaie de tuer un rhinocéros. Jusqu’à présent, 19 braconniers ont ainsi été abattus.
Ces dernières années, à Lewa et Borana, 17 rhinocéros sur une population de 90 ont été tués. Leur corne, recherchée en Asie pour ses prétendues vertus médicinales, fait l’objet d’un marché de contrebande très lucratif : achetée 21 000$ au Kenya, elle est revendue 570 000$ au Vietnam. Néanmoins, la menace des snipers semble fonctionner : en 2015, un unique rhinocéros a été abattu dans ces deux parcs.
1 réponse to “Biodiversité : les 5 infos à retenir de février 2016”
05.03.2016
Guinot PierrePour parler du lynx boréal, nous manquons de prédateurs naturels en France et il faut en convaincre les Français. Le lynx craint l’homme, est discret, ne gêne pas plus chasseurs qu’éleveurs car il prélève peu, est solitaire et vit sur un vaste territoire. C’est un trésor de notre patrimoine naturel.