Classé dans la catégorie « en danger critique d’extinction » depuis 1996, le gorille des montagnes (Gorilla beringei beringei) a vu son statut modifié le 14 novembre 2018, lors de la mise à jour de la liste rouge de l’UICN. Avec des effectifs en hausse, cette sous-espèce du gorille de l’Est serait passée de 680 têtes en 2008 à plus de 1000 en 2018.
Une augmentation de 47 % des effectifs en dix ans
Grâce à l’augmentation de sa population mondiale, le gorille des montagnes a été transféré aujourd’hui dans la catégorie « espèce en danger d’extinction » (EN), ce qui fait de lui la sous-espèce de gorille la moins menacée de la planète. Ses cousins le gorille de la rivière Cross, le gorille des plaines de l’ouest et celui des plaines de l’est restent tous considérés comme proche de la disparition et donc dans la catégorie « en danger critique d’extinction » (CR). La sous-espèce du gorille des montagnes a été principalement médiatisée par les travaux de Dian Fossey et les documentaires consacrés au parc national des Virunga où vit une des deux sous-populations. L’autre habite la forêt impénétrable de Bwindi en Ouganda.
Grâce aux actions de conservation combinées des ONG et des gouvernements de la République démocratique du Congo, du Rwanda et de l’Ouganda, la planète compterait aujourd’hui 1004 gorilles des montagnes en milieu sauvage. Il s’agit de l’effectif le plus élevé jamais connu pour cette sous-espèce. Mais il ne faudrait pas que cette bonne nouvelle efface la réalité du terrain. « Les menaces pesant sur cette sous-espèce demeurent élevées, notamment le braconnage, les troubles civils récurrents et les maladies introduites par l’homme, allant des infections respiratoires à Ebola, » explique l’UICN dans un communiqué.
Des menaces toujours très présentes
En effet, Gorilla beringei beringei est aujourd’hui toujours menacé. Bien qu’officiellement protégée, son aire de répartition est sans cesse remise en cause. Le 29 juin dernier, le gouvernement de la République démocratique du Congo a ainsi annoncé sur fond de polémique vouloir « déclasser par décret une zone à intérêt pétrolier ». La zone en question représente 16 % des Virunga. La dégradation de son habitat est donc une menace toujours d’actualité mais c’est loin d’être la seule.
L’institution internationale déplore également « un risque très important que les sous-populations de gorilles de montagne soient dévastées par l’introduction d’une maladie infectieuse ». L’UICN considère que la proximité physique entre les gorilles des montagnes et les hommes (scientifiques, locaux, touristes) et la similitude génétique entre ces deux espèces pourraient entraîner la transmission de maladies. L’organisme basé en Suisse pense bien sûr fortement au virus Ebola qui se transmet du primate à l’Homo sapiens avec des taux de mortalité proches de 95 % chez les gorilles de l’Ouest.
Enfin, le parc national des Virunga a tenu à rappeler – tout en se félicitant de cette nouvelle – que les rangers sont pour beaucoup dans la protection de l’espèce et payent un lourd tribu pour cela. 175 d’entre eux sont déjà morts dans l’exercice de leur fonction au sein de ce parc.
par Cécile Arnoud
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