En Bolivie, un marché noir florissant menace l’avenir du jaguar, l’une des créatures les plus emblématiques des Amériques. Une nouvelle étude publiée par Cambridge University Press dans la revue Oryx a découvert une réalité choquante selon laquelle des parties de jaguar profitent aux détenus des prisons boliviennes.
Selon l’étude, les détenus de la prison de Mocoví à Trinidad, en Bolivie, participent au commerce illégal de pièces de jaguar, les utilisant pour produire des articles de mode comme des portefeuilles, des chapeaux et des ceintures. Ceux-ci sont ensuite vendus sur les marchés locaux, ajoutant une touche mortelle à la populaire foire artisanale « made in prison ».
Le commerce effrayant, qui utilise non seulement des jaguars mais aussi d’autres animaux sauvages tels que les serpents boa constrictor, fait partie d’une économie illicite plus large qui met en péril la faune tout en profitant aux personnes incarcérées. Étonnamment, ce marché est tiré à la fois par la demande intérieure et internationale.
Déclin des populations de jaguars
Le jaguar (Panthera Onca) occupe une position d’importance écologique et culturelle significative en Bolivie. En tant que plus grand félin des Amériques, il contribue au délicat équilibre des écosystèmes.
De plus, le jaguar est profondément ancré dans le tissu culturel de la Bolivie, un pays enclavé qui connaît un déclin rapide de ses populations de jaguars. Ce déclin est attribué à la perte d’habitat et, de plus en plus, à la demande de parties du corps. Même si le commerce des jaguars est illégal depuis 1975 au niveau international et depuis 1986 au niveau national, le marché noir prospère.
« Nos recherches confirment que les détenus boliviens sont payés pour produire des portefeuilles, des chapeaux, des ceintures et des sacs à main en jaguar à partir de leurs cellules. Contrairement aux rapports anecdotiques précédents, les images fournies ne montraient aucune preuve que des détenus aient été contraints à cette activité illégale ; au lieu de cela, un détenu a déclaré qu’il l’avait fait de son plein gré pour «gagner sa vie pour sa subsistance quotidienne» », a déclaré le Dr Neil D’Cruze, responsable de la recherche sur la faune à l’ONG internationale World Animal Protection.
Renforcer la sensibilisation
Ces révélations s’accompagnent d’un appel urgent à l’action, car ce commerce illégal d’espèces sauvages constitue une menace aiguë pour la conservation de la faune.
« Pour soutenir les efforts existants pour protéger les jaguars et autres animaux sauvages en Bolivie, il est nécessaire d’améliorer l’application de la loi et la volonté politique de prendre des mesures contre les activités illégales. En outre, la sensibilisation doit être accrue sur la façon dont les produits de la faune sont produits et l’effet que cette production a sur la faune et les personnes concernées », a déclaré le Dr D’Cruze.
Plus tôt cette année, des vidéos ont fait surface en ligne montrant le directeur de la prison de Mocoví invitant le public à visiter une foire artisanale organisée dans l’établissement où ces produits de la faune étaient disponibles à l’achat.
Les chercheurs ont remis toutes leurs découvertes aux autorités boliviennes, soulignant l’urgence d’une réponse. Alors que la Bolivie et le monde se demandent comment protéger leur faune d’une exploitation aussi dévastatrice, le rôle des prisonniers dans ce commerce meurtrier met en lumière l’interaction complexe de l’économie, de la criminalité et de la conservation.
En savoir plus sur le commerce illégal d’espèces sauvages
Le commerce illégal d’espèces sauvages implique la contrebande et la vente de produits animaux ou d’animaux vivants protégés par le droit international. Cela peut inclure un large éventail d’espèces, des plantes aux mammifères, en passant par les reptiles, les oiseaux, etc. C’est l’une des plus grandes menaces pour la biodiversité à travers le monde.
Facteurs déterminants
Il y a plusieurs raisons derrière ce commerce. D’une part, de nombreuses espèces sont très demandées en tant qu’animaux de compagnie, souvent commercialisées auprès de personnes qui ignorent leur statut protégé ou qui ne s’en soucient pas. De nombreuses espèces sont également utilisées pour leurs propriétés médicinales, notamment dans les médecines traditionnelles de diverses cultures.
Certaines espèces sont chassées et vendues pour leur viande, considérée comme un mets délicat dans certaines parties du monde. Enfin, de nombreux animaux sont tués pour leurs parties (comme l’ivoire des éléphants ou les cornes des rhinocéros), qui sont utilisées à des fins ornementales ou symboliques.
Répercussions
Le commerce illégal d’espèces sauvages a de nombreux impacts négatifs. Au niveau biologique, elle peut conduire des espèces au bord de l’extinction, perturber les écosystèmes et perturber l’équilibre de la biodiversité. Ceci, à son tour, peut affecter les communautés locales qui dépendent de ces écosystèmes pour leur subsistance. De plus, le commerce illégal implique souvent un traitement brutal et inhumain des animaux.
Combattre le problème
La lutte contre le commerce illégal d’espèces sauvages est complexe et nécessite une coopération aux niveaux international, national et local. Les stratégies comprennent le renforcement de l’application de la loi, la sensibilisation du public, la mise en œuvre de sanctions plus sévères pour les trafiquants et le soutien au développement de moyens de subsistance durables pour les communautés qui pourraient autrement se tourner vers le trafic d’espèces sauvages.
Les efforts internationaux pour résoudre ce problème sont menés par des organisations telles que la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) et le Fonds mondial pour la nature (WWF). Malgré ces efforts, le commerce illégal d’espèces sauvages reste un problème important et persistant dans le monde entier.
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