
A l’occasion de la Journée mondiale des éléphants, partons à la découverte de ces grands pachydermes à trompe, malheureusement menacés.
L’éléphant d’Afrique
Il existe trois espèces d’éléphants dans le monde : deux vivent en Afrique et la troisième en Asie (Elephas maximus). Les espèces africaines sont :
- l’éléphant de savane (Loxodonta africana) ;
- l’éléphant de forêt (Loxodonta cyclotis).
La distinction entre ces deux espèces est récente : ce n’est que depuis 2010 que les scientifiques reconnaissent l’existence de deux espèces d’éléphants d’Afrique. Aujourd’hui encore, c’est bien souvent l’éléphant de savane qui prend le pas sur celui de forêt. D’ailleurs, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) classe Loxodonta africana dans sa catégorie « vulnérable » mais Loxodonta cyclotis ne dispose pas encore de sa propre classification.
L’éléphant de savane
Son aire de répartition est vaste et s’étend sur 37 pays africains, dans la partie subsaharienne du continent. C’est au Botswana que vit la plus grande population avec 130 000 individus recensés sur ce territoire en 2015, sur 415 000 au total.
L’éléphant de savane a beau être l’une des espèces les plus iconiques d’Afrique avec le lion et la girafe, il subit de fortes pressions de la part des braconniers qui le chassent pour son ivoire. On estime que 20 000 à 30 000 de ces pachydermes sont tués chaque année pour leurs défenses.
Si ce commerce reste fortement encadré, certains pays d’Afrique australe veulent revenir à plus de souplesse et souhaitent que la Cop18 de la CITES autorise à nouveau la vente de stock d’ivoire. Une question qui divise.
L’éléphant de forêt

Loxodonta cyclotis.
Cette espèce est moins répandue que celle de la savane. On ne la trouve que dans 5 pays africains : le Gabon, le Cameroun, la Centrafrique, la République démocratique du Congo (RDC) et la République du Congo (ou Congo-Brazzaville).
Comme son nom le laisse entendre, l’éléphant de la forêt délaisse volontiers les espaces dégagés qu’affectionne l’éléphant de la savane pour des paysages où la végétation est dense.
Il est même un maillon essentiel de la biodiversité des forêts tropicales où il a élu domicile. En effet, lorsqu’il se déplace, il construit des passages dans la forêt, ce qui facilite l’accès aux points d’eau pour de nombreuses autres espèces qui n’ont qu’à suivre sa trace. En piétinant ainsi la végétation, l’éléphant de forêt élimine également les petits arbres au potentiel d’absorption carbonique faible, laissant plus de place aux autres pour se développer. Une étude parue en 2019 montre ainsi que dans l’éléphant de forêt, les forêts d’Afrique centrale pourraient perdre jusqu’à 3 milliards de tonnes de carbone !
Comme son cousin, l’éléphant de la forêt est gravement menacé par le braconnage. De nombreux individus sont tués pour récolter leurs défenses, destinées au commerce de l’ivoire. D’après une étude de 2013, sa population a chuté de 62 % entre 2002 et 2011 tandis que son aire de répartition a diminué de 30 % sur la même période.
L’éléphant d’Asie
En Asie, il existe une seule espèce d’éléphant, mais elle se scinde en trois sous-espèces :
- l’éléphant indien (Elephas maximus indicus) ;
- l’éléphant du Sri Lanka (Elephas maximus maximus) ;
- l’éléphant de Sumatra (Elephas maximus sumatranus).
Ce n’est pas encore reconnu de façon officielle, mais il se pourrait que les éléphants vivant sur l’île de Bornéo forment également une sous-espèce à part : Elephas maximus borneensis.
L’éléphant d’Asie est plus menacé que l’éléphant d’Afrique et classé « en danger » d’extinction par l’UICN. Et certaines de ses sous-espèces sont encore plus menacées de disparition.
L’éléphant indien

Elephas maximus indicus.
Elephas maximus indicus est l’éléphant d’Asie qui a la plus vaste aire de répartition. On le trouve bien évidemment en Inde, mais aussi au Népal, au Bangladesh, au Bhoutan, à Myanmar, en Thaïlande, au Laos, en Chine, au Cambodge et au Vietnam. En résumé, sur dans tous les pays du continent où l’on peut observer des éléphants à l’état sauvage. Les autres sous-espèces sont cantonnées à leurs îles respectives.
Il vit aussi bien dans les prairies que dans les forêts de broussailles et pluviales, et même dans les contreforts de l’Himalaya. La population la plus nombreuse se trouve en Inde.
Contrairement à leurs lointains cousins d’Afrique, les éléphants indiens ne sont guère menacés par le braconnage. En revanche, ils le sont dangereusement par la déforestation, la perte et la fragmentation de leur habitat, et les nombreux conflits hommes-éléphants que cela engendre.
L’éléphant du Sri Lanka

Elephas maximus maximus.
Cette sous-espèce est moins nombreuse que celle qui vit sur le continent mais compte tout de même 7 500 individus répartis aux quatre coins de l’île, principalement dans des réserves gérées par l’Etat.
L’éléphant du Sri Lanka est lui aussi victime de représailles de la part d’éleveurs, la plupart du temps, mécontents de voir leurs cultures détruites par ce mastodonte. En 2018, on estime que 64 éléphants sont morts après avoir mâché des explosifs dissimulés dans du foin – une technique utilisée pour chasser du gibier et qui fait de l’éléphant une victime collatérale – et 53 autres ont été abattus. Et bien d’autres : ces cinq dernières années, 1 200 éléphants du Sri Lanka auraient ainsi été tués.
L’éléphant de Sumatra

Elephas maximus sumatranus.
Elephas maximus sumatranus est probablement la sous-espèce d’éléphant d’Asie la plus menacée de toutes. Au point que l’UICN lui a consacré une classification à part, dans la catégorie « en danger critique » d’extinction. Il s’agit du dernier stade avant sa disparition à l’état sauvage.
La raison de son déclin : la déforestation. Comme bon nombre d’espèces endémiques de Sumatra (rhinocéros, tigres, orangs-outans, etc.), la disparition de la forêt tropicale au profit des plantations de palmiers à huile ou de l’exploitation minières les pousse vers l’extinction.
L’éléphant de Bornéo

Elephas maximus borneensis.
Sur une île voisine, à Bornéo, une autre population d’éléphants subit également de plein fouet les répercussions de la déforestation. Il s’agit de l’éléphant de Bornéo, aussi appelé « éléphant pygmée de Bornéo » en raison de sa petite taille qui contraste avec ses immenses oreilles.
Il vit principalement au nord de l’île, dans la partie malaisienne (Etat ed Sabah) et indonésienne (Kalimantan du Nord). S’il n’est pas évalué par l’UICN, on estime toutefois que l’éléphant de Bornéo est une sous-espèce menacée. Non seulement son aire de répartition diminue au fil des ans, mais il est aussi parfois pris à partie par l’homme désirant protéger ses cultures.
par Jennifer Matas
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