La biodiversité du continent africain est l’une des plus riches au monde, comme le souligne un rapport de la Banque mondiale paru en 2013 (voir vidéo plus bas). On y compte par exemple un quart des mammifères et un cinquième des oiseaux du monde entier. Au total, huit des 25 hotspots (ou points chauds) recensés dans le monde y ont été identifiés. Pourtant, cette nature est menacée par les activités anthropiques et les tensions ne cessent de grimper entre l’Homme et la faune.
Les guerres
De prime abord, on pourrait penser qu’une guerre peut avoir des effets positifs sur la faune en partant du principe que trop occupés à livrer des combats, les hommes délaissent leurs activités qui nuisent au bien-être des animaux sauvages (chasse, braconnage, construction d’infrastructures, etc.). Or, il en est tout autrement. Les grands mammifères sont en effet, eux aussi, les victimes des conflits armés. Des chercheurs américains ont publié le 10 janvier 2018 une étude* selon laquelle gnous, zèbres, éléphants, hippopotames, buffles et autres herbivores vivant en Afrique voient leur population décliner dangereusement, frôlant parfois l’extinction, dans les zones en guerre. Même dans les espaces protégés, les animaux ne sont pas en sécurité : entre 1946 et 2010, 71% de ces zones se trouvaient en effet touchées par des conflits armés. En République démocratique du Congo, par exemple, les luttes armées sont la principale menace qui pèse aujourd’hui sur l’okapi et complique sa conservation dans la nature.
Le braconnage
L’abattage massif d’éléphants constitue une manne financière indéniable pour de nombreux trafiquants. Récemment, la corne de rhinocéros a elle aussi concentré toute l’attention des braconniers les plus véreux. Il faut dire qu’elle vaut son pesant d’or sur le marché noir, où elle s’échange entre 50 000 et 70 000 euros le kilo, soit jusqu’à 200 000 euros pour une seule corne !
Et ce ne sont là que deux exemples. Bien d’autres espèces sont chassées illégalement sur le continent africain. Le plus braconné de tous est le pangolin : sa chasse a augmenté de 150% en Afrique centrale entre 1970 et 2014. Mais les primates sont eux aussi gravement menacés par cette activité, y compris dans les aires protégées pourtant surveillées par des rangers. Au parc Virunga, plus grand parc national du Congo, des milices armées ont trouvé refuge et s’adonnent régulièrement à des activités de braconnage ou d’extraction illégale de minerais. L’argent qu’ils en retirent sert généralement à payer leurs armes. Peu leur importe le sort qui attend les espèces en danger critique d’extinction qui vivent dans ces forêts, comme le gorille des montagnes. Depuis 1994, plus de 170 rangers ont été tués alors qu’ils tentaient d’arrêter ces miliciens et aujourd’hui encore, la situation est périlleuse dans cette zone : le 9 avril 2018, six d’entre eux ont été tués lors d’une embuscade.
L’expansion humaine
Dans les zones épargnées par la guerre et le braconnage, aussi, la faune n’est pas à l’abri. La destruction de l’habitat naturel de nombreuses espèces au profit de la construction de logements ou de l’exploitation agricole réduit chaque année les aires de répartition des animaux sauvages. A tel point que les confrontations entre l’Homme et l’animal sont de plus en plus courantes. Et les choses pourraient ne faire qu’empirer au regard de la croissance démographique du continent : d’après l’INED, la population africaine devrait plus que doubler d’ici 2050 pour atteindre les 2,5 milliards de personnes. Une croissance plus rapide que dans le reste du monde où, au total, la population humaine devrait passer de 7,5 à 10 milliards sur la même période.
*L’étude porte sur 253 populations d’animaux issus de 36 espèces de grands mammifères herbivores vivant de 126 zones protégés de 19 pays africains.
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