
Le moqueur gorge blanche est un oiseau endémique des Petites Antilles. Ces oiseaux facilement reconnaissables à leur gorge et ventre blancs sont territoriaux et vivent en couple ou petits groupes. Si au milieu du XXème siècle certains pensaient l’espèce éteinte en Martinique, elle est pourtant toujours présente mais très menacée.
Une espèce mais deux oiseaux
Il existe deux sous-espèces de moqueurs gorge blanche, chacune endémique d’une île différente. Un isolement qui a permis aux oiseaux d’évoluer différemment en gabarit, en couleur de plumage et dans leur gamme de chants. Ramphocinclus brachyurus brachyurus est visible sur la presqu’île de la Caravelle, une péninsule de quelques mètres carrés à peine située dans le nord-est de la Martinique, à Trinité. La seconde sous-espèce, Ramphocinclus brachyurus sanctaeluciae, a été localisée tardivement sur l’île de Sainte-Lucie. Les oiseaux y sont plus grands et de couleur plus sombre que leurs congénères de Martinique.
Les dernières estimations tendent à penser que c’est sur Sainte-Lucie que réside la population la plus importante : elle était évaluée à 900 spécimens en 2012 contre seulement 200 à 400 sur la presqu’île de la Caravelle.
Le moqueur gorge blanche : une espèce en danger
D’après la liste rouge des espèces menacées de Martinique établie en avril 2020 par l’UICN, le moqueur gorge blanche fait partie des quatre oiseaux classés en danger critique d’extinction (CR) avec le pluvier de Wilson, l’huîtrier d’Amérique et le martin pêcheur à ventre roux. Au niveau international cependant, l’espèce n’est considérée « que » en danger (EN), et ce depuis 1994.
La menace des prédateurs
Très répandu au XIXème siècle, le moqueur gorge blanche a connu une première phase de déclin importante à la suite de l’éruption de la montagne Pelée en 1902 et de l’introduction des mangoustes en Martinique. Ces petits carnivores constituent d’ailleurs toujours aujourd’hui une menace pour l’espèce tout comme le chat domestique, le rat noir, la buse – appelée en créole malfini – ou encore le manicou – plus connu sur le continent américain sous le nom d’opossum.
Ramphocinclus brachyurus est une proie facile pour les prédateurs car cet insectivore passe beaucoup de temps au sol à balayer les feuilles des arbres à la recherche de son repas.
La prédation constitue pour l’UICN « une menace majeure » pour le moqueur gorge blanche. Mais elle ne suffit pas à expliquer la mise en danger de l’espèce. La disparition de son habitat est également une cause probable du déclin de ces oiseaux.
La disparition de l’habitat
Les moqueurs gorge blanche sont des volatiles doués d’une grande adaptation, n’hésitant pas à modifier leur régime alimentaire en période de sécheresse ou de conditions climatiques néfastes. En revanche, en ce qui concerne son habitat Ramphocinclus brachyurus est sédentaire et territorial. Heureusement, la création de la réserve de la Caravelle en 1976 a permis de sauvegarder les derniers couples reproducteurs de Martinique. En janvier 2019, le Parc Naturel de Martinique a renforcé son engagement pour la préservation de l’espèce en lançant une étude sur l’impact environnemental des actions menées pour la préservation du moqueur gorge blanche.
A Sainte-Lucie, la situation est plus inquiétante. L’île paradisiaque de 617 km² est très touristique, surtout dans la partie Nord. Le développement de routes et d’infrastructures hôtelières favorisent la déforestation. Par exemple, la construction du complexe immobilier et touristique « Le Paradis Estate » sur près de 224 hectares a été réalisé sur l’habitat du moqueur gorge blanche dans la baie de Praslin.
0 réponse à “Le moqueur gorge blanche (Ramphocinclus brachyurus)”