L’ours blanc ou ours polaire vit dans le cercle arctique qui porte ce nom en référence à l’animal, árktos signifiant en grec « ours » et donc arctique la « terre des ours ». On le retrouve donc sur l’océan Arctique, le nord du Canada, qui accueille même environ 60 % de la population, en Alaska, en Russie, au Groenland, et dans l’archipel norvégien du Svalbard. On estime entre 20 et 25 000 la population d’ours polaires mondiale, dont 15 000 au Canada. L’espèce Ursus maritimus compte 19 sous-populations connues ! C’est dire l’étendue de son aire de répartition.
L’ours polaire, un physique adapté au froid
On dit à tort que l’ours polaire est le plus grand prédateur terrestre, mais ce titre revient en fait à l’ours Kodiac : cette sous-espèce d’ours brun vivant en Alaska domine l’ours blanc par la taille. L’ours polaire a une silhouette différente des autres ursidés. Fort de ses 3 mètres de long et de ses 700 à 800 kilos, le corps de l’ours blanc est long et effilé, tandis que les autres ursidés sont plus trapus. Son cou est plus long que celui des autres ours, et son museau plus fin. Ursus maritimus n’est pas bâti pour la course ! Sa démarche lente et lourde, à 5 ou 6 km/h, est l’une de ses caractéristiques. Toutefois, il peut courir à 40 km/h sur de courtes distances, notamment quand il chasse.
Pour résister aux températures hivernales, la fourrure de l’ours polaire possède deux couches : la première, la sous-fourrure, est dense et sert à isoler l’animal du froid, la seconde se superpose à la première et est constituée de poils couleur crème de longueurs différentes. En vérité, Ursus maritimus n’est pas blanc, mais la lumière peut donner cette impression particulièrement si l’animal vient de muer, entre le printemps et la fin de l’été. En hiver, son poil est jaunâtre à cause de l’huile contenue dans la graisse de phoque, leur met favori.
Sous la fourrure, l’ours polaire a une peau de couleur noire et une couche de graisse qui peut dépasser les 10 centimètres ! Les oursons hésitent souvent à se jeter dans l’eau glacée car ils n’ont pas encore pu se constituer cette couche protectrice.
Les ours polaires aiment le froid et n’hivernent pas, à l’exception des femelles gestantes qui creusent une tanière dans la neige pour y donner naissance aux oursons et ressortir aux beaux jours.
Le seul ours exclusivement carnivore
Si l’ours polaire n’est pas le plus grand ours, il est bien le plus grand carnivore ! Il s’agit d’ailleurs du seul ours entièrement carnivore. Une explication simple à cela : il n’y a pas beaucoup de végétaux qui poussent sur la banquise….
La vie d’un Ursus maritimus est une succession de périodes de jeûnes et de festins. L’ours polaire se nourrit principalement de phoques annelés dont il dévore l’épaisse couche de graisse et la peau. Pour survivre dans la banquise, ces cétacés créent en hiver des trous de respiration dans la glace à l’aide des griffes de leurs nageoires. Ils y remontent toutes les 15 minutes environ. Le phoque en creuse une dizaine au moins et les entretient tout l’hiver ; il s’agit d’une question de vie ou de mort pour le cétacé. Les ours polaires guettent avec patience la remontée des animaux et les attaquent au moment où ils respirent. Il peut aussi arriver que l’ours blanc chasse les phoques sur la banquise, ces derniers ne s’y trouvant que pour se reposer, muer ou mettre bas. La saison des naissances chez le phoque, en mars-avril, correspond d’ailleurs à une période de festins pour l’ours…
Le réchauffement climatique, la plus grande menace qui pèse sur l’ours polaire
L’ours blanc dépend entièrement de la banquise. L’été, quand la glace fond, il connait de grosses difficultés pour se nourrir et parcourt alors de longues distances parfois inutilement. C’est durant cette période qu’il y a le plus de mortalité. Les ours au nord du Canada, dans la baie d’Hudson, sont les plus menacés. Chaque année, les ursidés doivent attendre l’automne que l’eau gèle pour espérer chasser à nouveau : c’est ce qu’on appelle les glaces saisonnières. A cause du réchauffement climatique, l’été est de plus en plus long et la période de jeûne des ours, où ils puisent dans leur réserve de graisse, devient extrêmement dangereuse. Les ours affamés s’approchent des habitations et des incidents peuvent survenir.
Un autre phénomène se produit en Russie et en Alaska, les glaces divergentes. Dans ces pays, la banquise se fragmente l’été. Les ours polaires sont alors obligés de nager longtemps pour atteindre chaque morceau de banquise et chasser les phoques. Nager demande un grand effort à l’ours qui ne peut plus compter sur sa fourrure pour l’isoler du froid. Mouillé et affamé, les ours meurent souvent d’épuisement.
Le réchauffement climatique impacte aussi les phoques annelés, le principal composant du régime alimentaire de l’ours blanc. Diminution de l’habitat, problème de reproduction… La disparition des phoques sonnerait le glas pour Ursus maritimus.
WWF estime qu’au rythme actuel de la fonte des glaces, 42 % de la surface de l’habitat estival des ours polaires aura disparu d’ici 2050. L’UICN enfonce le clou en constatant que même si l’espèce est encore classée « vulnérable » aujourd’hui par manque de données, 6 des 19 sous-populations d’ours polaires sont en déclin ou présenteraient « des signes de déclin marqués ».
Le grolar, nouvelle espèce ?
Le changement climatique a eu une autre répercussion sur l’ours polaire. Pour se nourrir, les ours blancs sont obligés de descendre de plus en plus dans le sud et d’empiéter sur le territoire d’un autre plantigrade : le grizzly. Des reproductions ont été attestés entre des femelles polaires et des mâles grizzly donnant naissance au « grolar » ou « pizzly », des ours hybrides, blancs tachés de marron.
Pour certains, ce phénomène d’hybridation est très inquiétant car il pourrait faire disparaître le patrimoine génétique distinct de ces deux espèces. Un phénomène qui s’est déjà produit plusieurs fois à travers l’histoire : l’âne sauvage d’Afrique par exemple a frôlé l’extinction à cause de l’hybridation avec des chevaux domestiques. Pour d’autres, il s’agit de l’adaptation d’une espèce à un changement climatique. Le « grolar », avenir de l’ours polaire ? A suivre…
2 Réponses to “Ours polaire ou ours blanc”
31.03.2018
edmond leblancA combien de distance l’odorat d’un ours blanc peut capter l’odeur d’un poison en km ou miles ?
02.04.2018
La Rédaction Espèces MenacéesBonjour Edmond,
On dit que l’ours blanc peut facilement sentir un phoque à une dizaine de kilomètres environ de distance. Pour les odeurs plus fortes, comme un corps en décomposition, cela peut aller jusqu’à 30 km ! Sous la banquise en revanche, l’ours peut déceler les odeurs jusqu’à 1.5 m de profondeur. Ce qui est déjà bien suffisant !