Voilà 3000 ans qu’aucun de ces marsupiaux n’avait foulé librement la terre de l’île Continent. Mais grâce à un programme, le diable de Tasmanie est de retour en Australie continentale.
Un moment historique
Pour les équipes en charge de la conservation de cette espèce menacée – classée « en danger » d’extinction par l’UICN –, ce moment est à marquer d’une pierre blanche. Et pourrait même faire date dans l’histoire de la faune australienne.
Le 10 septembre dernier, 11 diables de Tasmanie ont été relâchés en Australie continentale, plusieurs milliers d’années après leur disparition. C’est l’ONG australienne Aussie Park qui a piloté les opérations. « Dans 100 ans, nous considérerons ce jour comme celui qui a mis en branle la restauration écologique d’un pays tout entier », a déclaré son président, Tim Faulkner.
Un premier relâché de 15 individus a eu lieu en mars 2020. Au total, 26 de ces marsupiaux ont donc ainsi été réintroduits dans le cadre de ce programme. Tous ces individus vivent désormais dans un sanctuaire faunique de 400 hectares en Nouvelle Galles du Sud, au Nord de Sydney. Ils seront surveillés de près par des caméras pièges et des émetteurs radio afin de s’assurer de leur bonne acclimatation.
Opération ré-ensauvagement
Ces candidats à la réintroduction ne sont pas des diables sauvages. Tous sont nés dans un centre élevage géré par Aussie Park et qui compte aujourd’hui environ 200 individus. Une fois relâchés sur l’île Continent, ils doivent aider les écosystèmes à retrouver leur équilibre naturel, espère l’ONG.
« Il ne s’agit pas seulement de la réintroduction de l’un des animaux bien-aimés d’Australie, mais d’un animal qui modifiera tout l’environnement qui l’entoure, rétablissant et rééquilibrant notre écologie forestière après des siècles de dévastation par les renards et les chats introduits et d’autres prédateurs envahissants », explique Tim Faulkner, repris par CNN.
Prédateurs et charognards, les diables de Tasmanie sont d’importants alliés des écosystèmes australiens puisqu’ils vont pouvoir non seulement aider à contrôler les populations de chats errants et de renards – qui causent chaque année d’importants dégâts sur la faune australienne – mais aussi nettoyer la nature des carcasses laissées là par d’autres prédateurs. Il ne s’agit donc pas seulement de sauver cette espèce menacée mais aussi tout un milieu naturel.
Deux autres réintroductions de 20 diables chacune sont encore au programme en Australie continentale d’ici 2022. Elles s’accompagneront de la réintroduction d’autres espèces clés pour la régénération du milieu naturel sur lequel a été bâti ce sanctuaire faunique, comme par exemple des bandicoots et des wallabys de Parma. Une véritable opération de ré-ensauvagement, ou « rewild » en anglais.
Disparition du diable en Australie
Il y a bien longtemps, les diables de Tasmanie vivaient dans toute l’Australie. Mais l’arrivée des dingos a mis un terme à l’existence de l’espèce sur l’île principale. Chassés en dehors de ces terres, les diables ont seulement pu survivre sur l’île de Tasmanie, dépourvue de dingos.
Mais là aussi le marsupial a dû se défendre face à d’importantes menaces. Longtemps considéré comme nuisible, il a été persécuté et chassé à outrance par l’homme pendant des siècles. A ces pressions s’est ajoutée une maladie fortement contagieuse qui décime les populations restantes depuis une vingtaine d’années.
Ce cancer, appelé « maladie de la tumeur faciale du diable », serait responsable de la disparition de 90 % des diables de Tasmanie au cours de la dernière décennie ! Problème, même si les chercheurs ont beaucoup avancé, on ignore encore comment sauver les diables. Et la maladie se transmettant très facilement – lors de morsures, très courantes chez cet animal au tempérament bien trempé – l’une des solutions pour empêcher son éradication est de placer les individus sains à l’abri.
Plusieurs opérations de ce type ont déjà eu lieu. En 2018 par exemple, 26 diables en bonne santé ont été installés sur l’île principale de la Tasmanie, dans une zone épargnée par la maladie. Aujourd’hui, la Tasmanie n’abrite plus que 25.000 de ces marsupiaux à l’état sauvage.
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